Crues et inondations : la France est-elle plongée dans une situation exceptionnelle ?

Une grande partie de la France se trouve, vendredi, encore touchée par des inondations, en témoignent les 19 départements maintenus en vigilance orange. Des pluies qui s'inscrivent plus largement dans un mois de septembre record en la matière.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le mois de septembre 2024 a été le mois le plus pluvieux en France depuis 25 ans (FR?D?RIC CHAMBERT / MAXPPP)

Plus aucun département ne se trouve vendredi 18 septembre en vigilance rouge "crues" ou "pluie-inondation". Un soulagement pour les populations de ces zones, bien que 19 départements de la moitié sud de la France soient toujours concernés par une vigilance orange : neuf d'entre eux sont maintenus en vigilance orange pour "crues" (Loire, Puy-de-Dôme, Haute-Loire, Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence, Bouches-du-Rhône, Gard, Landes et Pyrénées-Atlantiques) tandis qu'ils sont 10 à être concernés par une alerte "pluie-inondation" (Dordogne, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Tarn, Gers, Haute-Garonne, Ariège, Hautes-Pyrénées et Pyrénées-Atlantiques) comme l'a indiqué Météo France.

Ce mois de septembre a été le plus pluvieux depuis 25 ans, ce qui en fait un mois exceptionnel à bien des égards. 60% de précipitations supplémentaires par rapport aux années passées ont ainsi été recensées. Les pluies de ces derniers jours se sont donc déversées sur un sol détrempé, dans un contexte de nappes phréatiques, elles aussi excédentaires sur les trois quarts de la France.

Normalement, ces eaux souterraines ne posent pas de problèmes en cas de pluie. Mais cette semaine le bureau géologique national a confirmé l'existence dans certaines régions de risques d'inondations par "remontées de nappe", ce qui signifie que la réserve d’eau souterraine est tellement haute qu’elle peut remonter jusqu'au niveau du sol, et ainsi créer des inondations en surface.

Alternance de pluies intenses et de sécheresses

Le réchauffement climatique et les variations climatiques qu'il induit posent indubitablement la question de la reproduction de tels événements météorologiques, et surtout de leurs fréquences. Rien ne semble indiquer avec certitude pour l'instant que ces inondations interviendront chaque année sans exception, car ces pluies intenses sont aussi liées à des positionnements de masses d’air dans l'atmosphère et des conditions de température. Des épisodes aussi connus sous le nom "d'épisodes méditerranéens."

En revanche, en raison du dérèglement climatique, la tendance pour les années à venir est bien à une alternance entre des phénomènes de pluies intenses et d'autres de sécheresses aiguës. Des études scientifiques ont, par exemple, récemment établi que les pluies de l'ouragan Milton, qui a causé au moins 16 morts aux États-Unis, ont été environ 20% à 30% plus élevées à cause du changement climatique.

Mesurer l'influence du réchauffement climatique

Pour  obtenir ses données, le scientifiques entrent tous les paramètres de la tempête en question (humidité, vents, pression atmosphérique, type de nuages) dans un modèle informatique qui simule le climat actuel, c’est-à-dire le climat d’un monde réchauffé de 1,3° par rapport à la période préindustrielle. Et ils regardent aussi comment ce même événement météorologique se serait comporté dans le contexte climatique des années 1800, lorsque les gaz à effet de serre dus aux activités humaines ne jouaient pas encore le rôle de couverture chauffante. C'est ainsi qu'ils peuvent mesurer précisément l'influence du réchauffement climatique.

La protection passe par l’adoption de bons comportements face au risque climatique, comme le fait de savoir, par exemple, que sur une route inondée, 30cm d'eau en mouvement peuvent suffire pour emporter une voiture. Ensuite, les alertes météo se sont déjà améliorées et cela devrait se poursuivre. On pourrait évoquer les lidars, ces instruments de pointe capables d’anticiper la formation des nuages dangereux. Enfin l’adaptation passe aussi bien sûr par l'aménagement du territoire avec moins de surfaces bétonnées et une meilleure connaissance des zones inondables. La recherche y travaille depuis de nombreuses années.

Afin de mieux prédire les risques d'inondation urbaine, une équipe du CNRS a par exemple créé, à partir de la maquette d’une ville imaginaire, une maquette en métal et plastique de cinq mètres sur cinq dont on peut inonder les rues une par une à la demande pour simuler des scénarios de crue. Cela permet de voir comment l’angle d’un carrefour, la largeur ou la longueur d’une rue, le relief ou encore le revêtement peuvent bloquer ou aider l’eau à s'écouler autour des habitations.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.