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Nouveau pacte financier mondial : qui est Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade à l'origine du sommet de Paris ?

Article rédigé par Paolo Philippe
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, lors d'un discours à l'ONU, le 24 septembre 2021 à New York, aux Etats-Unis. (JOHN ANGELILLO / AFP)
La dirigeante de ce petit Etat insulaire des Caraïbes est devenue la figure des pays du Sud dans la lutte contre le changement climatique.

Qu'elle évoque le réchauffement climatique, la crise du Covid-19 ou encore "la calvitie masculine", la Première ministre de la Barbade ne parle jamais pour ne rien dire. Mia Mottley est à la tête d'une petite île des Caraïbes menacée de disparaître en raison de la montée des eaux et de l'érosion côtière. Des thématiques qu'elle porte dans le débat mondial et qui ont fait d'elle une figure écoutée. 

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Puisque le temps presse, Mia Mottley, 57 ans, a une conviction : il faut réformer le système financier international et demander des réparations financières de la part des pollueurs historiques que sont les pays riches et industrialisés du Nord. Ses propositions, tirées de l'initiative de Bridgetown qui veut tendre vers une justice climatique en renforçant les financements pour les pays du Sud, sont au cœur du sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui s'achève vendredi 23 juin à Paris.

A l'origine du sommet de Paris

"Si je pollue votre propriété, vous vous attendez à ce que je vous indemnise", avait-elle déjà lancé en novembre 2022 à la tribune de la COP27, à Charm el-Cheikh (Egypte). Depuis plusieurs années, et encore plus après la dernière conférence climatique mondiale, cette avocate de formation pèse dans les équilibres internationaux : elle a ainsi œuvré en Egypte à la création d'un fonds sur les "pertes et dommages", ces réparations réclamées aux pays riches (principaux responsables du réchauffement) par les pays pauvres (principales victimes du dérèglement du climat). L'idée du sommet de Paris, à l'initiative d'Emmanuel Macron, a germé dans la tête du chef de l'Etat lors de la dernière COP27 sous l'impulsion de Mia Mottley.

"Nous venons à Paris aujourd'hui avec le cœur lourd mais avec espoir", a lancé jeudi à Paris la dirigeante, qui a appelé à une "transformation absolue" du système financier et pas seulement "une réforme de nos institutions". Sa prise de parole était attendue tant elle a pris l'habitude d'utiliser ces espaces de surmédiatisation pour user d'une réthorique offensive. "Ce qui frappe, c'est son éloquence et sa maîtrise des sujets, confie dans L'Express Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre et désormais directrice de l'ONG ONE. Elle captive l'auditoire, sans effets de manches, grâce à la solidité de ses propos et à son approche innovante."

En 2021, Mia Mottley avait conclu son discours à l'Organisation des nations unies (ONU) par une référence à Bob Marley et son titre Get Up Stand Up. "Qui se lèvera et tiendra bon pour les droits des peuples, pour ceux qui sont morts dans cette pandémie [le Covid-19], pour ceux qui meurent de la crise climatique, pour les petits Etats insulaires qui ont besoin d'un réchauffement inférieur à 1,5°C pour survivre ?", avait-elle clamé. Et d'ajouter : "Si nous pouvons résoudre des problèmes hautement complexes comme l'envoi de gens sur la Lune ou les calvities masculines, on doit pouvoir régler de petits problèmes comme la faim et la pauvreté."

Au fond, la Première ministre de la Barbade souhaite, au travers des exemples du réchauffement climatique et de la pauvreté, faire entendre la voix des pays du Sud. Dans Le Monde, elle évoquait en mars la "polycrise" qui frappe la planète et le déséquilibre Nord-Sud.

"La disparité entre cette poignée de pays développés et le reste du monde est tout simplement trop forte. La planète n'est pas un endroit équitable et ne le sera peut-être jamais. Mais nous devons aller vers une forme de justice et d'équité."

Mia Mottley, Première ministre de la Barbade

dans un entretien au journal "Le Monde"

Effacer la dette des Etats peu développés, mettre en place un fonds de garantie abondé par les banques de développement et le Fonds monétaire international (FMI), taxer les profits des sociétés d'énergie fossile : l'avenir passera par un monde plus juste, selon Mia Mottley. La transition de la Barbade vers un régime républicain en 2021, après des siècles d'assujettissement au Royaume-Uni (le pays avait déjà pris son indépendance en 1966), répond à ce même objectif.

En 2022, Mia Mottley a été d'ailleurs été réélue à la tête du gouvernement de la Barbade. La même année, le magazine Time l'avait citée parmi les 100 personnes les plus influentes de l'année, avec ces mots : "Mia Mottley est une icône de son pays et nous rappelle à tous qu'il faut traiter notre planète avec dignité."

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