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One Ocean Summit : Greenpeace regrette des "avancées en demi-teinte"

"Le constat, finalement, on le connaît (...) Maintenant l'urgence c'est d'agir", a affirmé sur franceinfo François Chartier, chargé de campagne Océan à Greenpeace, après la clôture du sommet mondial pour la protection des océans à Brest.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron pose avec des chefs d'État pour une photo de famille avant le sommet mondial pour la protection des océans à Brest, le 11 février 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Au dernier jour du sommet mondial pour la protection des océans vendredi 11 février, François Chartier, chargé de campagne Océan à Greenpeace, parle sur franceinfo "d'avancées en demi-teinte". Le One Ocean Summit était organisé dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, à Brest. Emmanuel Macron a prononcé le discours de clôture. Il a notamment annoncé l'extension de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises. La France dépasse l'objectif qu'elle s'était fixée de 30% d'aires marines protégées.

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franceinfo : Qu'est-ce qu'on retient de positif de ce sommet ?

François Chartier : Clairement, on voit que la mobilisation internationale d'un grand nombre d'États en vue de l'adoption d'un traité se renforce. On a eu des déclarations françaises, de la Chine, des États-Unis, de l'Union européenne et des pays en voie de développement. C'est bien, parce que ça sécurise les négociations sur le traité. Après, dans le contenu, dans le détail, notamment dans les mécanismes pour vraiment protéger la haute mer, on manque de clarté. Ça reste très flou. On aurait aimé avoir plus de détails mais au moins, il y a cette avancée. Pour ce qui est de l'objectif de 30% d'aires marines protégées d'ici 2030, là aussi la coalition se renforce. C'est important, cet objectif va être négocié en mai, il faut que ça soit adapté. C'est vraiment la feuille de route pour la conservation marine. Là aussi, on manque de clarté et on a du flou concernant les niveaux de protection. Est-ce que ça sera vraiment des aires maritimes protégées, donc qui exclut les activités industrielles ? Où est ce qu'on est encore dans des choses qui sont un peu des aires marines protégées de papier, où on a des belles surfaces sur les cartes, mais on laisse les activités industrielles ? Ce sont des interrogations qui méritent encore d'être clarifiées. Donc on a des avancées en demi-teinte, quand même, et notamment dans leur opérationnalisation.

Vous dénonciez au début de ce sommet une opération de "blue washing". Est-ce que c'est encore ce que vous dites aujourd'hui ?

Là où c'est le cas, c'est qu'il y a d'un côté cette idée qu'on renforce la volonté collective d'aller notamment vers des réseaux d'aires marines protégées, vers la protection de la haute mer, et de l'autre une poussée en vue de l'extraction, l'exploration et l'exploitation des grands fonds.

"On voit bien qu'il y a un peu un double langage. Ça a peu été le centre du sujet ici, mais on a essayé de le remettre dans la discussion parce que là, il y a une vraie hypocrisie."

François Chartier, chargé de campagne Océan à Greenpeace

à franceinfo

Et on a oublié la surpêche. On a oublié les deux activités prédatrices. La surpêche industrielle, c'est là où on prélève de la biomasse, c'est là où les écosystèmes s'effondrent et il n'y a pas eu grand-chose sur la surpêche. Il y a un début d'avancée sur l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et les subventions. Là aussi, on a un langage un peu ambigü puisque ce qu'il faut pour que ça marche, c'est de supprimer toutes les subventions à la pêche qui créent de la distorsion et qui créent de la surpêche.

Il y a aussi ce lancement des négociations de l'ONU pour un accord international contre la pollution du plastique. Encore faut-il qu'il y ait des engagements contraignants ?

C'est exactement ça. Pour tous ces accords, que ce soit pour le traité plastique, mais évidemment pour la haute mer. C'est dire que cette volonté affichée, tous unis pour protéger la haute mer, il faut que ça soit contraignant, il faut que ça soit efficace. Sinon, on aura négocié pendant des années pour rien et on retrouvera le statuquo actuel, ce qui serait un échec. Il y a urgence pour la protection de la biodiversité. Il y a urgence pour le climat et il y a urgence parce que finalement, on n'est plus dans le temps du constat. On a entendu beaucoup de constats des présidents, des chefs d'État. Le constat, finalement, on le connaît. Le diagnostic est fait depuis des années, même des décennies, en tout cas depuis 20 ans. Maintenant l'urgence c'est d'agir. Les solutions, on les a. Il suffit de les mettre en application. Ça sous-entend de changer de modèle, notamment pour les activités industrielles. Ce qu'on craint un peu, c'est que la partie économie bleue, la partie productiviste développement de l'économie de la mer, ça marche et que la partie conservation protection, donc la deuxième manche perde de sa vivacité dans la négociation, c'est là où on est un peu sceptiques. Oui il faut changer de modèle. Il faut aller vers une économie circulaire, avec une économie de la sobriété, pour toutes les ressources qu'on sort des océans.

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