Phénomènes extrêmes, populations déplacées... Ce qu'il faut retenir du rapport de l'Organisation météorologique mondiale sur l'état du climat en 2022
Incendies, sécheresses, chaleurs extrêmes... En 2022, le réchauffement climatique s'est fait ressentir au quotidien, un très grand nombre de populations en subissant les conséquences. Dans son rapport (en anglais) sur l'état du climat mondial en 2022, publié vendredi 21 avril, l'Organisation météorologique mondiale (OMM, une agence spécialisée des Nations unies chargée de la coopération internationale dans le domaine de la météorologie) détaille les principaux indicateurs qui permettent de comprendre l'évolution du climat (gaz à effet de serre, températures, élévation du niveau de la mer, chaleur et acidification des océans, glaciers...) et ses conséquences.
"Les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître, le climat continue de changer et les populations du monde entier sont toujours durement touchées par les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes", en retient le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas.
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Alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a assuré le 18 avril que "nous [disposions] des outils, des connaissances et des solutions" pour lutter contre le réchauffement de la planète et que "nous devons intensifier l'action climatique en réduisant les émissions de manière plus significative et plus rapide", les rapports récents du Giec, de Copernicus et maintenant de l'OMM rappellent que la situation continue de s'aggraver. Franceinfo vous résume les conclusions de cette dernière publication, consacrée à une année 2022 qui a encore battu de nombreux records.
Les huit dernières années sont les plus chaudes jamais observées
Dans le monde en 2022, la température moyenne était 1,15°C plus chaude que lors de la période préindustrielle (1850-1900), avant que l'homme ne commence à brûler massivement des combustibles fossiles. Et malgré la présence d'un phénomène naturel appelé La Niña, qui tire la température vers le bas, 2022 n'a pas marqué de rupture dans le réchauffement : les années 2015 à 2022 ont été les huit plus chaudes jamais observées.
Ce phénomène s'explique par la concentration dans l'atmosphère des trois principaux gaz à effet de serre émis par nos activités (dioxyde de carbone, méthane et protoxyde d'azote), qui piège la chaleur sur la planète. Ces émissions "ont atteint des niveaux record en 2021, dernière année pour laquelle des valeurs mondiales consolidées sont disponibles", écrit l'OMM dans son rapport. L'Organisation souligne que "la progression annuelle de la concentration de méthane entre 2020 et 2021 a été la plus forte jamais enregistrée", pour atteindre 1 908 parties par billion (ppb).
Les eaux glacées fondent de plus en plus vite
C'est un indicateur important du réchauffement en cours. Les eaux glacées (ou cryosphère) fondent de plus en plus vite. L'OMM cite l'évolution de 40 glaciers de référence "pour lesquels nous disposons d'observations à long terme" : leur épaisseur moyenne a perdu plus de 1,18 mètre entre 2021 et 2022. "Cette perte est beaucoup plus importante que la moyenne des dix dernières années", constate l'OMM. Au total, ces glaciers ont perdu 26 mètres d'épaisseur depuis 1970.
Dans son rapport, l'OMM donne plusieurs exemples particulièrement alarmants. Les Alpes ont par exemple perdu 3 à 4 mètres et "ont battu des records de fonte des glaciers en raison d'une combinaison de faible enneigement hivernal, d'une intrusion de poussière saharienne en mars 2022 et de vagues de chaleur entre mai et début septembre".
Le document alerte également sur la fonte des calottes glaciaires que sont le Groenland et l'Antarctique, ainsi que celle de la glace de mer qui, elle, flotte. En Antarctique, la glace est "tombée à 1,92 million de km2 le 25 février 2022, soit le niveau le plus bas jamais enregistré". Au Nord, l'étendue de la banquise arctique s'est classée au "11e rang des étendues de glace minimales les plus faibles jamais enregistrées par satellite" pour le mois de septembre.
La hausse du niveau des mers accélère
Les océans sont un rouage majeur du système climatique : capables d'absorber une partie de nos émissions de CO2, ils subissent aussi le phénomène de réchauffement. Ainsi, "58% de la surface des océans a connu au moins une vague de chaleur marine au cours de l'année 2022", rapporte l'OMM.
Deux conséquences principales en découlent. D'abord, le niveau de la mer monte à cause de la fonte des glaciers et de la dilatation d'une eau qui se réchauffe. En 2022, cette hausse moyenne a été estimée à 3,4 millimètres. Ce phénomène s'accélère, d'après le rapport : "Le taux d'élévation du niveau moyen de la mer a doublé entre la première décennie de l'enregistrement satellitaire (1993-2002, 2,27 mm par an) et la dernière (2013-2022, 4,62 mm par an)", expose l'organisation.
Ensuite, en absorbant du CO2, l'océan s'acidifie. Son pH a décliné "de 0,017 à 0,027 par décennie depuis la fin des années 1980", établit le rapport. Ce changement de pH affecte la biodiversité marine et notamment la capacité de certains organismes à construire leurs coquilles et squelettes.
Des événements météorologiques extrêmes à répétition
Le rapport sur l'état mondial du climat dresse également la triste liste des événements météorologiques extrêmes qui ont frappé différentes parties du monde en 2022. Il cite ainsi la sécheresse en Afrique de l'Est, où "les précipitations ont été inférieures à la moyenne pendant cinq saisons des pluies consécutives, ce qui constitue la plus longue séquence de ce type depuis 40 ans".
Au Pakistan encore, des précipitations sans précédent l'été dernier ont touché 33 millions de personnes, déplacé 8 millions d'entre elles et "causé des inondations de grande ampleur, qui ont fait au moins 1 700 victimes" et 30 milliards de dollars (environ 27,36 milliards d'euros) de dégâts.
Le document s'attarde par ailleurs sur les vagues de chaleur qui ont affecté la Chine, "la plus étendue et la plus longue depuis le début de ses relevés nationaux", et l'Europe. Cette dernière a causé une surmortalité de 15 000 personnes, dont 2 800 en France. "Le sud-ouest de la France a été sévèrement touché par des incendies, avec plus de 62 000 hectares brûlés", illustre le rapport.
Les écosystèmes perturbés dans leurs cycles
Le rapport déplore également les conséquences du réchauffement climatique sur les écosystèmes. Deux exemples sont donnés. La floraison des arbres d'abord, alors que celle "des cerisiers au Japon, recensée depuis 801 après J.-C., se produit plus tôt depuis la fin du XIXe siècle sous l'effet du changement climatique et du développement urbain". En 2021, elle s'est produite le 26 mars, "la date la plus précoce enregistrée depuis plus de 1 200 ans" et en 2022, le 1er avril.
La migration des oiseaux, ensuite. "Par exemple, les dates d'arrivée au printemps de 117 espèces d'oiseaux migrateurs européens sur 50 ans révèlent un décalage de plus en plus grand par rapport à d'autres événements printaniers importants pour la survie des oiseaux, tels que la sortie des feuilles et le vol des insectes", écrivent les experts onusiens. De quoi "probablement" contribuer "au déclin des populations de certaines espèces migratrices", ajoute le document.
Des populations déplacées et une insécurité alimentaire exacerbée
Ces phénomènes n'ont pas seulement des conséquences sur l'environnement, mais aussi sur les vies humaines. En 2022, les événements extrêmes ont forcé de nombreuses populations à se déplacer. En Somalie, par exemple, "près de 1,2 million de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays en raison des effets catastrophiques de la sécheresse sur les moyens de subsistance des éleveurs et des agriculteurs et de la famine qui a sévi" durant l'année écoulée, rapporte l'OMM.
Autre impact sur les vies humaines mis en avant par le rapport : la sous-alimentation. Si elle a été également "exacerbée" par d'autres facteurs, comme la pandémie de Covid-19, le réchauffement climatique a aussi affecté les ressources nécessaires à de nombreuses populations.
"En 2021, 2,3 milliards de personnes étaient confrontées à l'insécurité alimentaire, dont 924 millions sous une forme grave", décrit l'OMM, précisant qu'une grande partie se trouve en Asie et en Afrique. Pour illustrer l'impact du changement climatique plus particulièrement, le rapport évoque les vagues de chaleur qui ont touché l'Inde et le Pakistan avant la mousson de 2022, entraînant "une baisse des rendements agricoles".
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