Émissions de CO2 des camions et des bus : trois questions sur l'ambitieux accord signé par les Européens
Après les voitures, les camions et les bus devront eux aussi devenir propres. Le Parlement européen et les États membres sont parvenus à un accord, vendredi 19 janvier, pour réduire les émissions carbone des poids lourds et généraliser les bus "zéro émission" (électrique, hydrogène...) afin de lutter contre le changement climatique. L'Union européenne, qui vise la neutralité carbone à l'horizon 2050, avait déjà approuvé la fin des ventes de voitures particulières neuves à moteur thermique en 2035. Voici ce que contient ce texte sur les camions et les bus, adopté à Bruxelles.
Que prévoit cet accord ?
À partir de 2030, les émissions des nouveaux camions, ceux qui sortent des lignes de production, devront être réduites d'au moins 45% par rapport à 2019, puis abaissées de 65% en 2035 et enfin de 90% en 2040. Les bus interurbains, les cars que l'on croise sur l'autoroute, seront soumis aux mêmes objectifs.
Pour ceux qui circulent en ville, la transition sera beaucoup plus rapide. Les États ont certes obtenu un délai de cinq ans pour s'adapter par rapport à ce que souhaitait initialement la Commission européenne. Mais l'objectif reste ambitieux : une baisse de 90% des émissions en 2030 et de 100% en 2035. Ce qui laisse 11 ans aux constructeurs pour ne proposer que des bus propres aux villes.
L'accord prévoit des exemptions pour les véhicules utilisés dans l'agriculture, les camions militaires ou encore ceux des pompiers.
Est-ce un accord définitif ?
Non, le texte doit encore être formellement validé et voté par les représentants des États d'un côté et le Parlement européen de l'autre. Et il y a, selon nos informations, encore certains points techniques à finaliser. Mais dans les grandes lignes, la décision est prise et la feuille de route des constructeurs assez claire.
L'enjeu est crucial pour les objectifs climatiques européens : les camions, bus et cars génèrent plus de 6% des émissions de gaz à effet de serre de l'UE, un quart des émissions du transport routier. Le virage vers l'électrique ou l'hydrogène est inévitable.
Quel chemin reste-t-il à parcourir ?
En ce qui concerne la France, la route est encore longue. "Aujourd'hui, on a 1 % des camions neufs vendus en France qui sont électriques", explique Louis-Pierre Geffray, expert mobilité à l'institut Mobilités en transition, un think tank dédié à la transition environnementale. Pour autant, l'objectif des 90% d'ici 2040 lui paraît tout de même réaliste car "les constructeurs ont anticipé le sujet depuis cinq, sept, huit, dix ans maintenant, en préparant des gammes qui se développent sur l'ensemble des tonnages de poids lourds".
"Nous apportons de la clarté à l'une des principales industries d'Europe et une forte incitation à investir dans l'électrification et l'hydrogène", s'est félicité le rapporteur du Parlement européen sur ce texte, le Néerlandais Bas Eickhout, membre du groupe des Verts.
Camions électriques ou à hydrogène ? Selon Louis-Pierre Geffray, en France, "pour l'instant, l'ensemble des investissements se font principalement sur la batterie et c'est ce qui va couvrir les premiers jalons réglementaires à 2030 et 2030".
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