Réchauffement climatique : un rapport d'Oxfam dénonce le manque de préparation des écoles françaises aux épisodes de fortes chaleurs
L'accès à l'éducation figure parmi les droits fondamentaux menacés en France par la "négligence de l'Etat" en matière d'adaptation au changement climatique, selon Oxfam (en PDF). Dans un rapport publié lundi 15 juillet, l'ONG alerte sur les effets négatifs de la hausse globale des températures sur les populations les plus vulnérables et notamment sur les écoliers. S'appuyant sur une étude du cabinet EcoAct, Oxfam révèle ainsi que, d'ici à 2030, 7 138 écoles maternelles, comptant 1,3 million d'élèves, pourraient être exposées en classe à une chaleur excédant les 35°C.
Or, l'Unicef estime que "les jeunes enfants sont les plus vulnérables à la chaleur parce que leur température corporelle augmente beaucoup plus vite et plus fortement que celle des adultes", rappelle le rapport d'Oxfam. Ainsi, "les vagues de chaleur affectent également leur capacité à se concentrer et à apprendre, ce qui met en péril leur éducation." Dans ces circonstances, isoler les bâtiments d'une école permet de "garantir les conditions d'accès à l'éducation", prévient le rapport d'Oxfam, pointant la nécessité de concevoir des politiques d'adaptation afin de lutter contre les inégalités.
Dans quatre départements (les Bouches-du-Rhône, la Seine-Saint-Denis, Paris et la Gironde), le taux d'écoles maternelles exposées à de telles températures oscille entre 98% et 100% d'ici 2030. Oxfam précise que si "les vulnérabilités varient en fonction des territoires, (...) on peut, dans certains cas, identifier des corrélations avec les territoires dans lesquels le taux de pauvreté est le plus élevé." Ainsi, en Seine-Saint-Denis, où 100% des écoles maternelles font face au risque de forte chaleur, les écoliers sont également exposés à un risque encore plus accru, dans l'espace public ou à domicile, que d'autres populations.
Des établissements déjà en surchauffe
Dans une France à +4°C, les jours de vague de chaleur seront multipliés par au moins cinq, poursuit le rapport. Ce chiffre, qui n'est pas choisi au hasard, correspond au réchauffement de référence maximale utilisé par les pouvoirs publics pour envisager l'adaptation d'ici à 2100. En Ile-de-France, cela pourrait représenter 94 jours au-dessus des 35°C, soit un quart de l'année, selon des projections de Météo-France citées par Oxfam.
Sans attendre 2100, les fortes chaleurs contraignent déjà les autorités à prendre des mesures face à des températures susceptibles de mettre en danger les écoliers. Le 17 juin 2022, en pleine vague de chaleur, le ministère de l'Education annonçait que les élèves (écoliers et collégiens) scolarisés dans les 12 départements alors placés en vigilance rouge canicule pouvaient rester chez eux. En l'absence de transformation des bâtiments, souvent anciens et mal isolés, les chefs d'établissement ont pour recommandations du ministère de l'Education nationale d'"adapter l'organisation et l'utilisation des espaces en fonction de l'exposition afin d'accueillir les élèves dans des espaces préservés de la chaleur", de s'assurer que les stores et les volets sont fermés sur les façades ensoleillées, ou si une salle est climatisée, de "l'utiliser comme salle refuge."
Des initiatives pour mieux s'adapter
A Montélimar (Drôme), de nouveaux horaires de classes sont expérimentés depuis le 3 juin, dans trois écoles de la ville. L'école commence et se termine plus tôt : à 15 heures, la moitié des élèves rentre chez eux, les autres sont accueillis par le périscolaire, dans le réfectoire, seule pièce climatisée de l'école.
Depuis plusieurs années, des mairies travaillent aussi à adapter les établissements scolaires et notamment les cours de récréation à ces conditions. Dans la métropole nantaise par exemple, d'ici à 2026, 30% des écoles devront être débitumées. Mais l'adaptation, dans les écoles comme ailleurs, nécessite des financements importants et des investissements publics "conditionnés à des critères d'efficacité et de réduction des inégalités", écrit Oxfam, selon qui "il faudrait plusieurs dizaines de milliards d'euros a minima par an" pour adapter la France dans son ensemble aux effets du changement climatique.
L'ONG réclame par ailleurs de rendre le Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC), la feuille de route du pays en matière d'adaptation, "opposable et contraignant" en justice. Pour l'instant, ce document "est un inventaire de mesures générales techniques, parfois déjà existantes, parfois très floues, parfois sans impact visible, ou qui génèrent même de la maladaptation", dénonce Oxfam. L'ONG fustige "une coquille vide sans aucune mesure concrète traduisible en actes politiques avec des objectifs atteignables et ambitieux."
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