Shell va stabiliser sa production de pétrole d'ici 2030 et suscite la consternation des associations écologistes
Un pas en arrière très critiqué. Le géant pétrolier Shell a annoncé, mercredi 14 juin, qu'il allait "stabiliser sa production de liquides jusqu'en 2030", alors qu'il avait dévoilé en 2021 des objectifs de réduction de 1 à 2% par an. Le groupe soutient avoir déjà atteint ses objectifs de réduction de production sur la période. Un porte-parole de Shell, joint par l'AFP, souligne que les objectifs affichés en 2021, et basés sur la production de 2019, ont été atteints dès 2022 grâce à des cessions comme la vente de gisements de pétrole de schiste aux Etats-Unis.
"Nous investissons pour apporter la sécurité énergétique dont les clients ont besoin", justifie le directeur général de Shell, Wael Sawan. Il ajoute que "le rythme de la transition des carburants fossiles vers les énergies à bas carbone dépendait de beaucoup de choses, dont les politiques gouvernementales, le coût de développement des énergies et la demande des consommateurs". L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a d'ailleurs esquissé pour la première fois un pic de la demande globale de pétrole "avant la fin de la décennie" grâce à l'essor de la voiture électrique.
Cette annonce intervient alors que les scientifiques ont établi avec certitude que la hausse de la température moyenne de la Terre, qui s'est réchauffée de 1,1°C depuis le XIXe siècle, est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). L'ONG Global Witness fustige ce "virage à 180 degrés" du géant pétrolier, amorcé "sur le dos de la crise énergétique au lieu d'accélérer les investissements verts". "Comme d'autres géants des carburants fossiles qui ont également revu à la baisse leurs ambitions, Shell admet maintenant qu'il n'a pas le projet de changer son modèle d'entreprise, incompatible avec les efforts" contre "l'effondrement climatique", commente pour sa part l'ONG Les amis de la Terre.
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