Témoignages "L'été, il fait quasiment 40 degrés dans la chambre" : de plus en plus de Français souffrent de vivre dans des "logements bouilloires"

Plus de la moitié des Français ont eu trop chaud chez eux l'année dernière. Franceinfo a recueilli les témoignages de plusieurs d'entre eux.
Article rédigé par Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
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Ventilateurs, serviette mouillée sur soi... toutes les techniques sont bonnes pour tenter de se rafraîchir en intérieur. (STEPHANIE PARA / MAXPPP)

Logements mal isolés, villes mal adaptées et vagues de chaleur plus fréquentes... Près de 55% des Français ont déclaré avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures en 2023. Ce phénomène des "logements bouilloires" est pointé dans le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre, rendu public mercredi 21 août. La fondation appelle les pouvoirs publics à se saisir de ce problème qui s'aggrave au fil des années. 

Le ventilateur fonctionne de mai à fin septembre dans l'appartement de Marion, 45 m² situés à l'est de Paris. Malgré une belle hauteur sous plafond, "il n'y a qu'une seule grande fenêtre et donc absolument pas de courant d'air", confie la jeune femme. Dans sa chambre en mezzanine, la chaleur est insupportable. "L'été, parfois, il fait quasiment 40 degrés dans la chambre quand on se réveille. Il faut trouver des petites choses pour se rafraîchir, jusqu'à se mettre des serviettes mouillées sur le corps pour pouvoir dormir. Comme quoi, c'est quand même un peu technique !" réagit-elle.

Marion incarne plusieurs profils qui sont particulièrement touchés par ses "logements bouilloires". Elle est jeune, locataire et habite en ville. "Je pense surtout qu'on habite une ancienne usine, pas franchement réfléchie pour faire de l'habitat. C'est très beau, mais c'est très chaud", avance-t-elle.

Les plus précaires parmi les plus touchés

Marion n'est plus un cas rare, s'inquiète Hélène Denise, chargée de plaidoyer sur les questions climat et énergie à la Fondation Abbé Pierre : "Depuis 2013, donc depuis près de dix ans, il y a une hausse de 26% du nombre de personnes qui disaient avoir trop chaud dans leur logement". Et cela concerne en particulier les plus précaires, près de 40% des ménages gagnant moins de 1 000 euros nets par mois.

"Ce qu'on demande, poursuit Hélène Denise, c'est que la question d'adaptation soit prise en compte dans les politiques de rénovation, que la question de la chaleur soit également intégrée au diagnostic performance énergétique et puis intégrée aux critères de décence pour louer un logement."

La chargée de plaidoyer regrette qu'actuellement la "lutte contre les passoires thermiques" se concentre "surtout sur la réduction de notre consommation d'énergie, sur la décarbonation du mode de chauffage, sur le maintien d'une température minimale dans les logements pendant l'hiver, et pas assez pour s'adapter aux vagues de chaleur malheureusement".

"Il faudrait dès aujourd'hui, en plus d'isoler et d'améliorer la ventilation des logements, mettre des volets, penser aux occultations solaires, installer des brasseurs d'air. Aussi peut-être repeindre certaines façades, certaines toitures avec une peinture plutôt claire, végétaliser de façon plus importante les rues, les cours d'immeuble, les jardins, les balcons".

Hélène Denise, chargée de plaidoyer sur les questions climat et énergie à la Fondation Abbé Pierre

à franceinfo

"C'est une vraie urgence" pour Hélène Denise qui estime que "de plus en plus de personnes ont des problèmes de santé" en raison de cette précarité énergétique. La chaleur a fait 5 000 morts l'année dernière, essentiellement des personnes de plus de 75 ans.

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