: Vidéo Crise climatique : pour importer du cacao sans polluer, la "rétro-innovation" du cargo à voile
Alors que le réchauffement climatique s'accélère, il est urgent de revoir notre façon de nous alimenter pour consommer moins de pétrole, l'une des énergies fossiles les plus émettrices de C02. En consommant uniquement local ? Pas forcément. A voir dans "Envoyé spécial", une "rétro-innovation" qui pourrait nous éviter, dans le futur, d'être privés de chocolat...
Pour répondre à l'urgence climatique et diviser par cinq nos émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050, il va nous falloir faire preuve de sobriété dans tous nos actes du quotidien, à commencer par le plus essentiel : manger. En France, 85% de ce que nous consommons arrive par bateau. Ces produits du bout du monde sont actuellement transportés grâce à un pétrole peu cher, exonéré de toute taxe : le fioul lourd, l'un des carburants les plus sales. Il devrait être possible de se nourrir sans recourir au pétrole pour transporter (et emballer) nos aliments en consommant bio et local, par exemple. Mais comment imaginer une vie sans chocolat ?
Jacques et Olivier Barreau, deux frères jumeaux ingénieurs, ont donc relevé un défi : importer du cacao et du café d'Amérique latine grâce à un bateau de marchandise non polluant qu'ils ont eux-mêmes conçu pour faire tourner leur chocolaterie et leur atelier de torréfaction.
Le jour de notre tournage, au large de Saint-Nazaire, ils sont venus assister à l'arrivée, en provenance de République dominicaine, de leur 24 mètres chargé de 40 tonnes de cacao (soit un million de tablettes potentielles…). C'est le premier voilier-cargo au monde aux normes de la marine marchande. Et pour cette traversée de l'océan, l'économie carbone est de "90% à 97%", assure Jacques Barreau.
Décarboner le transport maritime
Cette traversée en vingt-huit jours a été facilitée par l'aide, à terre, de deux routeurs et l'assistance de technologies modernes telles que satellites ou prévisions météo. Le navire a ainsi pu emprunter la route lui permettant d'exploiter au mieux la force du vent. Une "rétro-innovation, c'est-à-dire la modernisation d'anciennes recettes", qui fait de ce bateau un "camion à voile", sourit Jacques Barreau. Elle a permis, en l'espace de deux ans, d'accomplir huit voyages transatlantiques, de réaliser un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros, et de créer 50 emplois.
"Dans une cinquantaine d'années, (...) il y a de très fortes chances que les gamins se questionnent en disant 'Tiens, c'est marrant, ils n'avaient pas de voiles, à l'époque.' Parce qu'on n'aura pas d'autre choix, sans doute, que d'en mettre… ça s'impose."
Olivier Barreau, cofondateur de Grain de Sailà "Envoyé spécial"
Alors qu'un méthanier dépasse leur voilier ("il va plus vite, mais pollue vite aussi"), son frère y voit "un symbole de l'ancien monde", en contraste avec "le nouveau monde absolument nécessaire" que représente leur "camion à voile".
Extrait de "Ma vie sans pétrole", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 3 novembre 2022.
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