Le projet de centre d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure déclaré "d'utilité publique"
Le projet Cigéo vise à enfouir 85 000 m3 des déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français. Les opposants dénoncent un "passage en force".
Le projet controversé de centre d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) a été déclaré "d'utilité publique" et inscrit "parmi les opérations d'intérêt national", selon deux décrets publiés au Journal officiel, vendredi 8 juillet. Ce projet de centre industriel de stockage géologique (Cigéo) vise à enfouir, à 500 mètres sous terre, 85 000 m3 des déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français.
Les expropriations de terrains nécessaires seront "réalisées avant le 31 décembre 2037", précise le texte, et celles ne concernant que les "tréfonds" au plus tard le 31 décembre 2050, fin de la phase industrielle pilote. Le décret ajoute que l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), qui pilote le projet, "devra, s'il y a lieu, remédier aux dommages causés aux exploitations agricoles". Elle aura à sa charge les mesures "destinées à éviter, réduire et compenser les effets négatifs notables du projet (...) sur l'environnement et la santé humaine".
"Un projet dangereux", selon les opposants
Un décret distinct inscrit Cigéo parmi les opérations d'intérêt national (OIN), des opérations d'urbanisme dotées d'un "régime juridique particulier en raison" de leur "intérêt majeur". Ces deux textes sont signés par la Première ministre, Elisabeth Borne, et les ministres de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu. En décembre, la commission d'enquête publique avait déjà conclu que Cigéo était "à la fois opportun, pertinent et robuste" et que son utilité publique était "avérée".
Les publications de ces décrets ont fait immédiatement réagir les opposants à Cigéo. Le réseau Sortir du nucléaire, notamment, a dénoncé "une utilité publique inacceptable pour un projet dangereux". Les deux textes "permettent à l'Andra d'acquérir la maîtrise foncière manquante, d'exproprier si besoin, et de débuter les travaux dits 'préparatoires' à Cigéo", s'indigne le collectif, estimant que le site, "non autorisé à ce jour", soulève "de très lourdes interrogations en termes de sûreté". "Il s'agit d'une utilité publique de circonstance sur une montagne de doutes majeurs", a aussi indiqué sur Twitter l'association Cedra52.
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