Disparition des baobabs en Afrique : "Une fois que la forêt a disparu, le retour est excessivement difficile"
Pascal Danthu, écologue au Cirad, l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes était invité, mardi 12 juin sur franceinfo.
"Une fois que la forêt a disparu, effectivement, le retour est excessivement difficile", a confirmé mardi 12 juin 2018, Pascal Danthu, écologue au Cirad, l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes. Les plus vieux baobabs d’Afrique sont en train de disparaître, sans doute en raison du changement climatique, selon une étude publiée lundi 11 juin dans la revue Nature Plants.
franceinfo : Est-ce que là-aussi on assiste à une diminution de la diversité à l’échelle de la planète ?
Pascal Danthu : Certainement, à l’échelle de la planète il y a une biodiversité des écosystèmes forestiers. Certains articles de mes collègues ont montré qu’à Madagascar, dans les prochaines années, il y aura un phénomène de restriction des zones forestières qui va s’amplifier sur la grande île. Ces restrictions vont toucher en particulier les écosystèmes dans lesquels vivent certaines espèces de baobabs malgaches. C’est peut-être un petit peu ce que montre cette étude, qu’une espèce comme le baobab africain arrive à un moment à un seuil et disparaît. Ceci-dit, l’intérêt de l’article est de proposer comme hypothèse que ces baobabs sont victimes dans l’Afrique australe du réchauffement climatique. Mais cette hypothèse n’est pas prouvée. On n’a pas la preuve certaine que ces vieux baobabs sont morts dans les vingt dernières années, dû à un phénomène lié au changement climatique.
Quel est l’avenir de ces zones forestières qui disparaissent ?
À Madagascar les zones forestières disparaissent en raison des pratiques des agriculteurs malgaches qui défrichent la forêt pour cultiver. Beaucoup de zones sont défrichées, la forêt recule et ces zones sont transformées par systèmes de culture qui ne produisent pas grand-chose et sont rapidement abandonnées, car la fertilité est faible. Une fois que la forêt a disparu, effectivement, le retour est excessivement difficile. On peut toujours replanter les espèces, reverdir et mettre des arbres, mais on aura beaucoup de mal à réinstaller une biodiversité telle qu’elle existe naturellement. Il y a beaucoup de choses à Madagascar qui ont été replantées, on voit effectivement des arbres, une biomasse, on voit que c’est vert mais le nombre d’espèces présent dans ces systèmes replantés est vraiment très faible. On n’a pas réinstallé toute la biodiversité.
Est-ce que l’Afrique est particulièrement touchée ?
Tous les continents sont touchés, mais l’Afrique est peut-être le continent le plus sur le fil du rasoir. Les écosystèmes africains sont très touchés. On estime qu’aujourd’hui, le couvert forestier de Madagascar est près de 10% et que ce pourcentage va encore réduire de façon drastique durant les dernières années. Pour l’instant le changement climatique on l’a surtout vu au niveau des écosystèmes, des ensembles de plantes, qui régressent. Je ne pense pas qu’il y ait des études sur le système européen, qui montre qu’une espèce en particulier est en train de disparaître.
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