Environnement : une entreprise bretonne recycle les mégots de cigarettes en mobilier urbain
La société MéGO équipe des municipalités, des aires d’autoroute, et même certains stades notamment au moment de la Coupe du monde féminine de football.
Le chiffre est astronomique. Chaque année en France, 30 milliards de mégots sont jetés et 40% terminent dans la nature. Pour tenter de faire évoluer les comportements, les animateurs d’une toute jeune association, Zéro Mégot, arrivent samedi 5 juin dans l’après-midi à Deauville après avoir nagé 380 km dans la Seine pour reconstituer le chemin d’un mégot jeté depuis la capitale. Il n’existe pas encore de filière organisée et financée pour recycler les mégots. Mais une entreprise réussit depuis quatre ans à en faire des meubles.
Ce que fabrique aujourd’hui l’entreprise MéGO avec les cigarettes ce sont essentiellement différents bancs pour le mobilier urbain. Ils équipent des municipalités, des aires d’autoroute, et certains stades au moment de la Coupe du monde féminine de football. MéGO a quatre ans et est basée à côté de Brest. Elle traite autour de dix tonnes de déchets par an. "Lorsqu'on voit un mobilier extérieur, par exemple, vous avez toujours une assise en bois ou en plastique aggloméré. Nous, on utilise les filtres que l'on thermocompresse pour faire les lames de mobilier urbain”, explique Bastien Lucas, directeur de l'entreprise.
Un véritable écosystème
Le mégot devient donc une matière première. Il est en plastique mais il s'agit d'un objet hautement toxique qu’il faut traiter pour le dépolluer. Les cigarettes contiennent de la nicotine, des formaldehydes et du goudron. Dans l’usine, ils sont séparés du mégot et traités ensuite dans les même centre que les déchets dangereux des hôpitaux. L’entreprise en est a sa deuxième génération de mobilier. Elle a créé un véritable écosystème autour du recyclage avec en amont une chaîne pour la récupération.
Patrick Poirier codirige CKFD environnement et organise la collecte des mégots sur la région parisienne en installant des cendriers dans plusieurs arrondissements de Paris, à Meudon, Levallois et Sèvres notamment. "Très longtemps, on n'a pas informé le fumeur de l'impact environnemental d'un mégot, explique-t-il. Une fois qu'on les a informés, la grande majorité des fumeurs nous disent : 'Je ne savais pas, je vais mettre mon mégot dans un cendrier'."
MéGo a créé une chaîne et un écosystème dans un domaine qui va bientôt impliquer aussi les fabricants de tabac. Comme pour les vêtements ou les emballages, ils vont devoir financer le traitement de leurs déchets. La loi sur l'économie circulaire impose la création d’une filière qui est toujours en cours de discussion. Ce nouvel acteur devrait renforcer la collecte avec peut-être un impact sur cette filière du recyclage.
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