Érosion du littoral : "Le sable est le défi numéro un du XXIe siècle"
Christian Buchet, du Centre d’études de la mer de l’Institut catholique de Paris, s'inquiète du prélèvement trop important du sable marin qui provoque l'érosion des côtes et la montée des eaux.
On célèbre jeudi 10 août le 25e anniversaire du lancement du satellite de la mission océanographique Topex-Poséidon, qui a mis en évidence la montée des océans de 3,2 mm par an. Grâce à ce satellite, "on a pu mesurer de manière plus précise ces océans, leur évolution", explique sur franceinfo Christian Buchet, directeur du Centre d’études de la mer de l’Institut catholique de Paris. Il tire la sonnette d'alarme sur les prélèvements de sable marin qu'il juge trop importants.
franceinfo : Que sait-on grâce aux mesures prises par le satellite Topex-Poséidon sur l'évolution de l'océan ?
Christian Buchet : On a pu mesurer de manière plus précise ces océans, leur évolution. Ils grossissent à cause du réchauffement climatique. Ils représentent 72% de la surface de la planète, soit 361 000 000 km2, et on commence à peine à mieux les connaître. On n'a vu que 5% des fonds marins ce qui veut dire que tout reste à découvrir. Aujourd'hui, on connaît mieux la surface de Mars que ces fonds marins. Nous avons pu cartographier ces derniers grâce aux satellites qui ont pris en compte les déformations à la surface de l'eau.
Qu'est ce qui menace les océans de nos jours ?
Ce ne sont pas les océans qui menacent la Terre, mais l'homme et la Terre qui menacent les océans. Le changement climatique est déjà une réalité. Sous l'effet du réchauffement, les mers, comme tout corps, se dilatent et nos côtes s'érodent. Elle sont grignotées par l'eau qui monte.
Il n'y a pas que le réchauffement climatique ?
On est 7 milliards de Terriens, on sera plus de 9 milliards en 2050. On prélève de plus en plus de sable, de granulats en mer, parce qu'il faut construire. Le sable est le défi numéro un du XXIe siècle car on s'en sert partout, pas seulement dans les parpaings, mais aussi dans le verre ou dans les processeurs. On le prélève trop souvent trop près de la côte donc cela fait des trous dans le fond marin. Et on sait que la mer bouche ces trous en prenant du sable sur le littoral. Il est urgent dans la loi de faire en sorte que tout prélèvement de granulats en mer fasse l'objet d'une étude d'impact sur l'érosion avant d'être autorisé.
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