"Jeter par la falaise, c'était faire disparaître les déchets" : Le Havre espère enfin se débarrasser de sa vieille décharge côtière
La secrétaire d'Etat à la Biodiversité se rend dans la ville côtière normande pour annoncer un plan de dépollution de ces anciens dépotoirs légaux qui polluent le littoral. La France en compte une cinquantaine.
Quand on regarde la falaise au nord du Havre, on voit une carcasse de voiture, des bouts de béton et des morceaux de plastiques mélangés à la terre. L'ancienne décharge côtière de Dollemard, sur un kilomètre de front, a servi de dépotoir légal depuis les années 60 pour les entreprises du BTP. L’héritage d’une autre époque, juge Arnaud Freret, militant local de Surfrider fondation Europe , une ONG qui agit pour la protection des mers et océans : "À l'époque, il n'y avait pas vraiment de notion de protection de l'environnement et du coup, jeter par la falaise, c'était faire disparaître les déchets.Ils n'étaient plus à notre vue, donc il n'existaient plus. C'était assez courant."
400 000 tonnes de déchets abandonnés
Ce n'est donc pas un hasard si la secrétaire d'Etat à la Biodiversité, Bérangère Abbas, a choisi la ville du Havre pour présenter un plan national de lutte contre les décharges de littoral qui se déversent dans la mer, vendredi 18 février. La décharge Dollemard a été fermée en 2000 mais contient toujours 400 000 tonnes de déchets qui vont de plus en souvent dans la mer, depuis que le réchauffement climatique renforce l’érosion des côtes.
Devant cette pollution, les collectivités locales ont d’abord choisi d’écoper, de vider le site. Elles ont demandé à une association d’insertion de ramasser a la main les déchets sur la plage qui s’échappent de cette décharge et de plusieurs falaises alentour. Gwen Coupri chargé de mission espace naturel à l’association Aquacaux qui œuvre à la préservation de l'environnement sur la côte d'Albatre : "On va ramasser une trentaine de tonnes de déchets sur ces neuf kilomètres de plage, avec beaucoup de ferraille, beaucoup de morceaux de bois aussi, de caoutchouc et globalement, cinq à six tonnes de plastique."
Un plan pour vider les décharges en dix ans
Le dossier est devenu politique en 2018, poussé par Surfrider fondation Europe. La dépollution de cette décharge est devenue un engagement de campagne d’Edouard Philippe, le maire du Havre et ancien Premier ministre. Mais c’est un chantier hors norme, explique Antonin Gimard, conseiller municipal délégué à la nature : "Il y a des contraintes par rapport à l'érosion du littoral. Il y a des contraintes de sécurité pour les entreprises qui vont être là. Il y a des contraintes d'accès. On est sur des bords de falaises auxquels on ne peut pas accéder facilement. Il y a des contraintes par rapport aux déchets et au volume qu'isl représentent par rapport à leur tri."
"On regroupe en cet endroit une somme de contraintes multiples qui va nécessiter un chantier un peu innovant parce que ce n'est pas une problématique qui est très connue."
Antonin Gimard, conseiller municipal à la mairie du Havreà franceinfo
La facture a été estimée à près de 15 millions d’euros. Les études d’impact ont été lancées. Un chantier test a même été mis sur pied pour délivrer d’ici le mois d'avril des scénarios d’intervention. Le déplacement de Bérangère Abbas doit permettre de préciser le montant du soutien que compte apporter l'État. Elle fait suite à une annonce d’Emmanuel Macron lors du One Ocean Summit, la semaine dernière à Brest.
Trente millions d’euros ont été débloqués pour accompagner le traitement de trois premières décharges de bord de mer. Mais au total ce sont 55 décharges côtières que le gouvernement entend nettoyer grâce à un plan national de résorption qui s’étalera sur dix ans.
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