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Pesticides : pour la Confédération paysanne, il est "possible" de se passer du S-métolachlore en repensant "notre modèle agricole et ses objectifs"

L'Anses a lancé la procédure de retrait du marché du S-métolachlore. Il s'agit de l'un des pesticides les plus utilisés en France et autorisé depuis presque 20 ans.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un agriculteur pulvérise des produits phytosanitaires dans un champ dans les Hauts-de-France, le 7 août 2017. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Pour Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne, c'est "complètement possible" de se passer du S-métolachlore, un des pesticides les plus utilisés en France. L'Anses a lancé la procédure de retrait du marché de cet herbicide. Pour Nicolas Girod, ce ne sera pas facile mais il faut "repenser notre modèle agricole et ses objectifs". Selon lui, le soutien de l'Etat et de l'Europe est essentiel : "On a besoin de directions claires en matière de protection économique, de régulation des marchés et de revoir notre logique de libre-échange à travers le monde."

franceinfo : Dans un premier temps, il sera question de réduire l'utilisation de cet herbicide, pas de s'en passer totalement, est-ce que selon vous ce sera possible ?

Nicolas Girod : Oui c'est complètement possible. Il s'agit là d'un herbicide utilisé pour les cultures de maïs, de tournesol, de soja ou de sorgho. On a différentes alternatives, qu'elles soient avec d'autres produits herbicides chimiques ou qu'elles soient également avec du désherbage mécanique. On a des paysannes et des paysans qui se passent de ces produits-là et qui passent des outils mécaniques dans leurs parcelles pour les nettoyer et permettre la culture de ces différentes plantes.

C'est un des produits phytosanitaires les plus utilisés aujourd'hui en France mais ce n'est pas la même configuration que les néonicotinoïdes dont on a beaucoup parlé et leur utilisation par les producteurs de betteraves ?

On est dans les mêmes logiques, on se pose les mêmes questions et je suis satisfait qu'on se les pose enfin. Est-ce qu'on est dans un enjeu de santé public majeur pour les paysans, les utilisateurs, notre environnement et les citoyens ? Si oui, comment est-ce qu'on donne les moyens aux paysannes et aux paysans de s'affranchir de ces produits-là et de s'en passer, qu'il s'agisse des néonicotinoïdes, de cet herbicide et de certainement d'autres pour lesquels il va falloir se poser des questions ?

Comment se donner les moyens de s'en passer ? Les systèmes mécaniques pour remplacer cet herbicide nécessitent forcément des investissements de la part des céréaliers ?

Pour s'en passer, il faut repenser de manière assez profonde notre modèle agricole et ses objectifs. Est-ce qu'on est dans une logique de toujours vouloir produire plus, à tout prix, à moins cher ? Ou est-ce qu'on se place dans une logique où on installe des paysannes et des paysans nombreux, où on les protège économiquement du libre-échange avec des mesures de protection économique pour remettre en cause le libéralisme dans lequel on les a plongés depuis une cinquantaine d'années ?

"C'est ce libéralisme économique qui les pousse aujourd'hui à ne pas savoir se passer des pesticides parce que c'est un outil de guerre économique, c'est une arme pour produire plus aujourd'hui dont ils ne savent pas se passer. Il va donc falloir réapprendre à s'en passer techniquement et économiquement. Là, on a besoin du soutien de l'État et de l'Europe."

Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne

à franceinfo

On a besoin de directions claires en matière de protection économique, de régulation des marchés et de revoir notre logique de libre-échange à travers le monde. Est-ce que le "produire" plus qu'on vante depuis une cinquantaine d'années a permis d'éradiquer la faim dans le monde ? De mieux rémunérer les paysans ? A permis d'avancer vers un futur enviable ? Je réponds non à ces trois questions-là. A partir du moment où ça ne fonctionne pas, il faut revoir cette logique-là dont les pesticides font partie.

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