Polluants éternels : les eaux européennes sont massivement contaminées par un produit chimique persistant, alertent des associations
Les eaux européennes sont massivement contaminées par un produit chimique très persistant, l'acide trifluoroacétique (TFA), alertent les associations du Réseau européen d'action sur les pesticides (PAN Europe) dans un rapport (document PDF) publié lundi 27 mai. Elles dénoncent "la plus grande contamination connue de l'eau à l'échelle européenne par un produit chimique fabriqué par l'homme".
Le PAN Europe et ses membres, dont Générations Futures en France, ont analysé 23 échantillons d'eau de surface et six échantillons d'eau souterraine provenant de dix pays de l'UE, à la recherche de ce produit. Il est issu de la dégradation de PFAS, surnommés "polluants éternels", mais sert aussi de produit de départ pour la production de certains d'entre eux. Résultat : "l'ampleur de la contamination est alarmante et appelle une action décisive", écrivent les associations dans leur rapport.
Des concentrations importantes dans la Seine, l'Oise et la Somme
Ces TFA peuvent être issus de la dégradation de pesticides PFAS, utilisés en agriculture pour leur stabilité, mais aussi de certains gaz réfrigérants ou de rejets de l'industrie de fabrication des PFAS, largement utilisés, par exemple pour le revêtement anti-adhésif des poêles, des mousses anti-incendie ou des cosmétiques. L'analyse, menée par le Centre technologique de l'eau de Karlsruhe (Allemagne), met en évidence la présence de TFA "dans tous les échantillons d'eau", avec des concentrations allant de 370 nanogrammes par litre (ng/l) à 3 300 ng/l. Elles sont importantes dans des cours d'eau comme l'Elbe en Allemagne, la Seine, l'Oise et la Somme en France ou la Mehaigne en Belgique.
Les ONG s'inquiètent des répercussions sur la qualité de l'eau du robinet, qui fera l'objet d'une prochaine étude. Quant à l'origine du problème en Europe, "le principal responsable de la pollution diffuse aux TFA, ce sont les pesticides PFAS dans les zones rurales", a jugé Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures. "79% des échantillons présentaient des niveaux de TFA supérieurs à la limite de 500 ng/l proposée par la directive européenne sur l'eau potable pour l'ensemble des PFAS", note le rapport.
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