Tableau de Monet aspergé : "Il peut y avoir un grand questionnement sur l'effet contre-productif de ces actions", note une sociologue
Sylvie Ollitrault, chercheuse en sociologie du militantisme, redoute un "effet contre-productif" des attaques contre des œuvres d'art à l'heure où face à la crise climatique, il est nécessaire de "nouer du dialogue".
Dimanche 23 octobre, Les Meules de Claude Monet ont été la cible de militants écologistes qui ont aspergé de purée l'œuvre, protégée par une vitre et exposée au musée Barberini de Potsdam (Allemagne). "Il peut y avoir un grand questionnement sur l'effet contre-productif" de ce type d'action, "y compris dans le milieu écologiste", analyse lundi 24 octobre sur franceinfo Sylvie Ollitrault, directrice de recherches au CNRS au laboratoire de l'université de Nanterre, chercheuse en sociologie du militantisme.
franceinfo : Comment sont reçues ces actions par le grand public ?
Sylvie Ollitrault : On n'a pas d'enquête ou de sondage sur cette question-là. Mais clairement il peut y avoir, y compris dans le milieu écologiste, un grand questionnement sur l'effet contre-productif de ces actions qui renvoient à la radicalité, au non-dialogue, à un moment où on a besoin aussi dans l'opinion, y compris dans les politiques publiques, de nouer du dialogue, de la concertation pour relever ce grand défi qu'est le réchauffement climatique et transformer la société et les pratiques.
Un discours "manichéiste" semble se développer, de plus en plus radicale face à l'urgence climatique ?
Ce type de discours est de plus en plus présent. De plus en plus aussi mobilisateur auprès d'une nouvelle génération qui sent que les problèmes climatiques ne sont pas seulement présents mais urgents. Cela reflète aussi un sentiment d'éco-anxiété qui commence aussi à se diffuser dans la société. Il faut relativiser bien sûr, pas dans toute la société, mais clairement, il y a de plus en plus d'alliés, notamment parmi une génération plus ancienne qui est également inquiète sur les effets climatiques qui maintenant se ressentent dans la vie quotidienne. Il y a un sentiment d'urgence.
Diriez-vous qu'il y a une nouvelle génération d'activistes climatiques ?
C'est une génération qui est inter-connectée sur les réseaux sociaux et qui peuvent parfois surprendre les forces de l'ordre. Ce qui pourrait peut-être être à craindre, c'est effectivement une croissance des individus qui sont hors réseaux traditionnels, mais qui s'arrogeraient le droit de faire leur propre alerte. Par conséquent, ce risque démultiplierait les possibles troubles à l'ordre public.
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