: Vidéo Groenland : "Jean Malaurie reposera un jour dans le cimetière de Siorapaluk"
L'ethno-historien Jean Malaurie, 92 ans, a chargé un ami japonais, installé au Groenland depuis quarante ans, de lui trouver sa dernière demeure dans la ville où il s'était rendu il y a soixante-cinq ans. Là où "il a su voir et entendre quelque chose de magique. "Extrait de "13h15 le samedi" du 11 juillet.
L'équipe du magazine 13H15 le samedi a transmis une lettre de Jean Malaurie à son ami Ikao Oshima tombé à l'âge de vingt ans sur une édition japonaise du best-seller mondial Les Derniers Rois de Thulé, avec les Esquimaux polaires, face à leur destin (Plon) paru en 1955. Cet ingénieur est alors parti pour la plus grande île du monde afin d'y passer une année. Marié avec une femme inuit qui lui a donné quatre enfants, il y est depuis quarante ans.
"L'homme qui parle avec les pierres", comme l'ont surnommé les Inuit, demande à son ami de lui trouver une place pour son ultime demeure dans le cimetière de Siorapaluk au nord-ouest du Groenland. "En été, tout devient vert et il y a des fleurs partout. Rien à voir avec l'hiver. Le monde devient merveilleux", explique Ikao Oshima au milieu des sépultures encore enfouies sous la neige.
"Ces chiens m'ont dit au revoir..."
"Jean Malaurie a su voir et entendre quelque chose de particulier à Siorapaluk. Quelque chose de magique qui a fini par former une pensée ayant changé sa vie. Je suis heureux que cette pensée et ce lieu ne l'ont jamais quitté", témoigne-t-il. À Dieppe (Seine-Maritime) où il s'est retiré, celui qui a voué sa vie à la défense du peuple inuit se souvient du dernier jour de sa lointaine expédition et de sa séparation avec ses chiens auprès de qui il a vécu treize mois.
"C'est l'un des moments les plus extraordinaires de ma vie, explique-t-il. Je suis avec mes chiens que je vais abandonner. Ils ont senti que j'allais partir, à jamais. L'un met ses pattes sur mon dos, l'autre me lèche. Je les ai donnés à un ami inuit. Quand je me suis trouvé de l'autre côté de la montagne, j'ai fait whouououou trois fois. Et par trois fois, de façon poignante, ces chiens m'ont dit au revoir..."
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