Attaques en Catalogne : les hommages ont "une valeur thérapeutique"

Des milliers de personnes se sont regroupées sur la principale place de Barcelone pour observer, vendredi 18 août, une minute de silence en présence du roi et des principales autorités d'Espagne, après les attaques en Catalogne qui ont fait au moins 14 morts et plus de 100 blessés. Ce genre d'hommage a "une valeur thérapeutique", selon Christian Navarre, psychiatre, invité de franceinfo vendredi. "Chacun prend conscience qu'il n'est pas seul et qu'il doit être vigilant", a expliqué le professionnel de santé.

francienfo : Pourquoi l’attentat est un traumatisme collectif ?

Christian Navarre : Les drames comme celui de Barcelone consistent en une effraction dans notre illusion d’immortalité. Les gens se promènent et tout d’un coup, c’est la surprise, la brutalité, la confrontation au réel de la mort, touchant, au-delà des victimes, l’entourage, les témoins, les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continue. Tout cela fait comme une tâche d’huile qui va frapper toute la planète. La personne qui va regarder les actualités ne va pas subir un psychotraumatisme mais il est choqué, au sens commun du terme. Il ne faut pas croire que les actes politiques n’ont pas de valeur thérapeutique. C’est cela qui fait un groupe et qui fait que la société peut tenir dans ces moments.

Cela signifie-t-il que la succession d’attentats nous renforce ?

Chacun prend conscience qu’il n’est pas seul, qu’il doit être vigilant, comme lorsqu’une voiture arrive trop vite. Ce qui fait la peur c’est d’être pris au dépourvu. Le principe d’être en vigilance permanente est un changement de mentalité. Effectivement, on est moins insouciant, mais on se renforce aussi. On est capable d’anticiper. Peut-être que l’âme collective de la foule est renforcée par l’action individuelle de chaque citoyen. Cela fait la force d’un peuple qui avance en situation de terrorisme imprévisible.

Quelle est l’importance de l’État et de ses personnages dans ce genre d’événement ?

C’est fondamental. C’est cela qui fait le corps social. Nous sommes tous des individus apeurés, dispersés, inquiets. Cette forme d’organisation de la société fait que ces hommes, que nous avons élu ou qui ont été désignés, permettent de s’identifier, de prendre conscience que toute la société soutient les victimes et que cela pourrait arriver à chacun de nous. Symboliquement, ce sont des représentants de notre conscience collective.