Attentats en Catalogne : le groupe État islamique "est peut-être en retrait, mais le jihadisme est en train de fleurir"
Abdelasiem El Difraoui, spécialiste de la propagande jihadiste, a expliqué, vendredi sur franceinfo, que les attentats en Catalogne démontrent que "le jihadisme doit être combattu à ses racines".
Les attaques terroristes à Barcelone et à Cambrils, jeudi 17 août, ont fait au moins 14 morts et plus de 100 blessés selon les autorités catalanes. Abdelasiem El Difraoui, politologue et spécialiste de la propagande jihadiste, a déclaré, vendredi sur franceinfo, qu'il fallait combattre le jihadisme "à ses racines, au niveau de l’idéologie et de la misère socio-économique dans les pays arabes sur l’autre rive de la méditerranée".
franceinfo : Pourquoi l’Espagne et pourquoi maintenant ?
Abdelasiem El Difraoui : L’Espagne est un foyer jihadiste depuis très longtemps. Il y avait déjà une implantation en 1990 provenant de l’Algérie. C'étaient des prédécesseurs d'Al-Quaïda. Il y avait aussi une filière espagnole. Les attentats de 2001 ont même été préparés en partie en Espagne. En 2004, les attaques qui ont fait 200 morts ont précipité le retrait de l’Espagne en Irak. Il faut aussi savoir que l’Espagne a des liens étroits avec le Maroc et l’Algérie. Il y a une grande immigration marocaine et 200 espagnols sont allés combattre en Syrie. Pour les spécialistes, l’Espagne a toujours été une cible. On a même démantelé un groupuscule jihadiste à Barcelone
La voiture bélier est devenue le nouveau mode d’attaque de l'organisation État islamique ?
Ce n’est pas nouveau. On l’a vu à Nice et en Allemagne, notre combat du jihadisme reste rudimentaire. Daech est peut-être en retrait mais le jihadisme est en train de fleurir. Notre approche du jihadisme est de dire : on va mettre des mesures anti-terroristes encore plus dures, mais ce n’est pas suffisant. Il faut le combattre à ses racines, c'est à dire au niveau de l’idéologie et de la misère socio-économique dans les pays arabes sur l’autre rive de la Méditerranée. Il faut les aider. Par exemple, je ne pense pas que le soutien au dictateur égyptien, Abdel Fattah al-Sissi soit très utile. On voit que de plus en plus de jeunes Egyptiens sont séduits. Si on veut gagner cette confrontation, il faut développer une politique internationale et aider tous nos voisins au sud de la Méditerranée. Il faut repenser une politique où les populations musulmanes sont mieux intégrées et où les jeunes de nos banlieues sont moins exclus.
Le groupe État islamique perd du terrain en Irak et en Syrie. Peut-on craindre une augmentation des attaques dans les pays européens ?
Oui, on peut surtout craindre que les gens qui reviennent de Syrie et d’Irak recrutent de nouvelles cellules jihadistes en Europe, comme cela se fait en prison. On sait que ceux qui reviennent ont une aura, un supplément d’autorité.
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