Cet article date de plus d'onze ans.

Espionnage des ambassades : Obama sort de son silence

Washington fournira toutes les informations demandées par ses alliés, assure le président américain.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un bâtiment de la National Security Agency (NSA) le 10 juin 2013 à Bluffdale, Utah (Etats-Unis). (GEORGE FREY / GETTY IMAGES / AFP)

Noms de code : "Wabash" et "Blackfoot". L'ambassade de France à Washington et sa représentation diplomatique aux Nations unies ont aussi été placées sur écoute par les services du renseignement américain. C'est ce qu'affirme, dimanche 30 juin, le quotidien britannique The Guardian (en anglais). Le journal s'appuie sur un document daté de septembre 2010, obtenu auprès d'Edward Snowden, l'ancien consultant informatique de la National Security Agency (NSA), à l'origine des fuites sur le programme de cybersurveillance Prism.

Que révèle le "Guardian" ?

Le quotidien britannique liste 38 ambassades et missions diplomatiques décrites comme des "cibles". Ce document "détaille une gamme extraordinaire de méthodes d'espionnage utilisées contre chacune de ces cibles, allant de micros dissimulés dans des équipements électroniques de communication à des branchements sur des câbles ou à la collecte de transmissions au moyen d'antennes spéciales".

"En plus des adversaires idéologiques traditionnels et des pays sensibles du Moyen-Orient, la liste de cibles inclut les missions de l'UE et les ambassades de France, d'Italie et de Grèce, ainsi qu'un certain nombre d'alliés de l'Amérique, dont le Japon, le Mexique, la Corée du Sud, l'Inde et la Turquie", ajoute le Guardian. L'opération de surveillance de la mission française à l'ONU avait pour nom de code "Blackfoot", l'opération visant l'ambassade de France à Washington était mentionnée sous le nom de "Wabash".

Ces révélations complètent celles de Der Spiegel. Samedi, l'hebdomadaire allemand a publié le contenu d'un document secret détenu par Edward Snowden, selon lequel la NSA avait réussi à pénétrer les réseaux informatiques de plusieurs bureaux de l'Union européenne.

Quelles sont les réactions ?

En France. Paris a demandé à Washington, dimanche, des explications sur les allégations d'espionnage de l'Union européenne. Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré que si les faits étaient confirmés, "ils seraient tout à fait inacceptables". La ministre française de la Justice, Christiane Taubira, va plus loin : ce serait "un acte d'hostilité inqualifiable", selon elle. Dans leur ensemble, les dirigeants du Parti socialiste ont jugé ces faits "inacceptables" et "scandaleux", à l'instar du député Jean-Christophe Cambadélis dans Le Parisien, lundi. Pour le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, l'UE doit accorder l'asile politique à Edward Snowden.

En Allemagne. Outre-Rhin, la ministre de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberge, exige elle aussi des explications. L'Allemagne est en effet "le pays européen le plus surveillé" par la NSA, avec 500 millions de connexions téléphoniques et Internet enregistrées mensuellement, assure le magazine.

Au sein de l'UE. Bruxelles a averti de possibles conséquences sur la négociation d'une zone de libre-échange transatlantique. "Entre partenaires, on n'espionne pas !", a lancé dimanche au Luxembourg la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding. Le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, s'est dit "profondément inquiet et choqué".

Aux Etats-Unis. Lundi, Barack Obama a brisé le silence assourdissant observé outre-Atlantique après ces révélations. En visite en Tanzanie, le président américain a assuré que Washington fournirait toutes les informations demandées par ses alliés. En attendant, les Etats-Unis continuent "d'évaluer" le contenu de l'article du Guardian et "communiqueront ensuite de manière appropriée avec leurs alliés".

Mais Barack Obama s'est également livré à une tentative de justification. Tous les services de renseignements, y compris européens, essaient de comprendre ce qui se passe dans les capitales du monde autrement que par les médias, a-t-il plaidé.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.