Allemagne : ce que l'on sait de la mort d'un enfant poussé sous un train à Francfort
Un homme présentant de possibles troubles psychiatriques a été arrêté. Il est soupçonné d'avoir poussé l'enfant, sa mère et une troisième personne, sur les rails d'un train à grande vitesse.
L'émotion est grande en Allemagne après la mort d'un enfant de 8 ans, poussé sous un train par un homme, à Francfort (centre du pays), lundi 29 juillet. Le parquet évoque un suspect souffrant de possibles "problèmes psychiatriques". Mais le profil de l'homme, un Erythréen de 40 ans, déjà recherché en Suisse, a été récupéré par l'extrême droite allemande pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement. Voici ce que l'on sait de cette affaire et de l'enquête en cours.
Que s'est-il passé ?
Une femme de 40 ans et son enfant de 8 ans attendaient le train à grande vitesse (ICE), lundi, sur le quai numéro 7 de la gare centrale de Francfort, quand un homme les a poussés sur les rails. Le conducteur du train qui arrivait a tenté de freiner, mais n'a pas pu s'arrêter à temps. La mère est parvenue à se dégager de la voie d'extrême justesse, mais l'enfant est mort.
Selon des témoins présents sur le quai, l'homme qui les a poussés était caché derrière un pilier et a longuement fixé les rails avant d'agir. Après son geste, il a également tenté de pousser une autre femme de 78 ans. Elle n'est pas tombée du quai, mais a été blessée à l'épaule, selon le parquet.
L'homme a ensuite pris la fuite, avant d'être rattrapé par des passants, dont un policier qui n'était pas en service.
Que sait-on du suspect ?
L'homme soupçonné d'avoir poussé l'enfant et sa mère sur les rails est un Erythréen de 40 ans. Marié et père de trois enfants, Habte A. a fui son pays pour s'installer en Suisse, où il a obtenu l'asile en 2008. Résidant à Zürich, il travaillait dans l'atelier de carrosserie de la compagnie de transports publics de la ville. Il avait accédé à cet emploi grâce à un programme de l'association d'aide à l'insertion professionnelle SAH Zürich. Dans son rapport d'activité de 2017, l'organisation le présente d'ailleurs comme un modèle d'intégration.
Inconnu de la police allemande, il était toutefois recherché en Suisse depuis le 25 juillet. Ce jour-là, il "a menacé de tuer sa voisine avec un couteau, a tenté de l'étrangler puis l'a enfermée chez elle avant de s'enfuir", a déclaré à la presse le chef de la police nationale allemande, Dieter Romann. Le même jour, il a aussi, dans un accès de colère inexpliqué, enfermé son épouse et ses enfants âgés de 1, 3 et 4 ans dans l'appartement familial.
Arrivé à Francfort depuis Bâle quelques jours avant, l'homme n'était "ni alcoolisé ni drogué" au moment des faits, a souligné la police. Son geste et son histoire personnelle "laissent penser à un problème psychiatrique". La police suisse a de son côté précisé à ce sujet que l'homme avait suivi un traitement psychiatrique cette année, sans que les raisons soient connues. Le suspect sera "certainement soumis à une expertise" pour évaluer son degré de discernement, a expliqué une porte-parole du parquet. Il doit être inculpé de "meurtre" et de "tentative de meurtre".
Quelles sont les réactions en Allemagne ?
Toute la journée de mardi, des passagers ont afflué dans la gare de Francfort pour déposer bougies, fleurs et peluches près du quai où a eu lieu le drame. Il y a une dizaine de jours, une affaire similaire s'était déjà produite dans l'ouest de l'Allemagne. Une mère de famille de 34 ans était morte après avoir été poussée sous un train. Le suspect, un homme originaire de Serbie, n'avait aucun lien avec la victime.
Mais si l'enquête se concentre sur les éventuels troubles psychiatriques de Habte A., l'affaire a pris un tour politique. L'extrême droite allemande s'est emparée de ces deux faits divers pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement d'Angela Merkel, jugée "trop laxiste".
Le drame intervient en outre dans une période de grande tension autour de la question raciale dans la région de Francfort. Le FAZ (article en allemand) rappelle qu'un jeune Erythréen a été blessé par balles, le 23 juillet, par un tireur "en raison de la couleur de sa peau". "Ces événements, aussi différents soient-ils, ont quelque chose en commun : ils affectent les relations entre les Allemands et les migrants et empoisonnent l'amtosphère", analyse le journal.
Le ministre de l'Intérieur allemand, Horst Seehofer, qui a interrompu ses vacances, a de son côté plaidé pour le déploiement d'un plus grand nombre de policiers dans les gares et pour une extension de la vidéosurveillance.
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