L'Allemagne accuse la Russie d'avoir commandité un assassinat à Berlin
L'Allemagne a menacé Moscou de nouvelles sanctions, jeudi, dans cette affaire qui empoisonne les relations bilatérales.
Tensions entre Berlin et Moscou. L'Allemagne a accusé, jeudi 18 juin, les autorités russes d'avoir commandité l'assassinat d'un Géorgien d'origine tchétchène en 2019 à Berlin. Le pays a menacé Moscou de nouvelles sanctions dans cette affaire qui empoisonne les relations bilatérales. Selon la justice allemande, un Russe entré en Allemagne sous une fausse identité et arrêté peu après les faits a assassiné cet opposant, qui avait combattu en Tchétchénie. Des accusations "non justifiées et sans fondement", a réagi l'ambassadeur russe en Allemagne dans la soirée.
"A une date inconnue antérieure au 18 juillet 2019, les autorités du gouvernement central de la Fédération de Russie ont ordonné au (suspect) de liquider le citoyen géorgien d'origine tchétchène", accuse dans un communiqué le parquet fédéral allemand, chargé des dossiers sensibles et en particulier des affaires d'espionnage. Le gouvernement allemand a dans la foulée fait savoir, par la voix du porte-parole d'Angela Merkel, qu'il prenait "très au sérieux" ces "graves accusations" et menacé la Russie de nouvelles sanctions. Berlin avait déjà expulsé deux diplomates russes fin 2019 pour protester contre leur manque de coopération dans l'enquête.
La victime avait combattu contre la Russie
En déplacement à Vienne, le ministre allemand des Affaires étrangères a évoqué une affaire "extraordinairement grave" et annoncé que l'ambassadeur russe en Allemagne allait de nouveau être "invité à une rencontre" destinée à "faire connaître une fois de plus notre position à la partie russe". Le 23 août 2019, en plein jour dans un parc du centre de la capitale allemande, un Géorgien issu de la minorité tchétchène du pays, âgé de 40 ans et identifié comme Tornike Kavtarashvili, avait été tué de trois balles par une arme avec silencieux. Des témoins avaient évoqué une "exécution".
Le suspect interpellé dans la foulée près des lieux du crime, Vadim Krasikov, est depuis emprisonné à Berlin, où il garde le silence. "L'ordre de tuer vient de l'opposition de la victime à l'Etat central russe, aux gouvernements de ses républiques autonomes de Tchétchénie et d'Ingouchie, et au gouvernement pro-russe de Géorgie", a indiqué le parquet allemand. Celui-ci rappelle ainsi que la victime avait notamment "combattu contre la Fédération de Russie en tant que chef d'une milice tchétchène lors de la deuxième guerre de Tchétchénie de 2000 à 2004".
La Russie avait en outre classé l'homme "comme terroriste et l'a accusé d'être membre du groupe terroriste 'Emirat du Caucase'". Pour le parquet fédéral allemand, le suspect a "accepté l'ordre de l'Etat (russe) de tuer". "Soit il espérait une récompense financière, soit il partageait le mobile de ses clients de tuer un opposant politique en représailles à son implication dans des conflits antérieurs avec la Russie", a affirmé le parquet.
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