"Avec mes nouveaux papiers, j'espère pouvoir enfin vivre ma vie" : en Allemagne, la loi facilitant le changement de genre entre en vigueur

Ce texte, qui figurait au programme de la coalition d’Olaf Scholz, permet de changer librement de genre et de prénom. La nouvelle loi est considérée comme une avancée majeure en faveur des droits des personnes transgenres.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
L’Allemagne rejoint la liste des pays qui ont adopté le principe de l’autodétermination de genre, avec la Belgique, l’Espagne, l’Irlande, le Luxembourg ou encore le Danemark. (MICHELE TANTUSSI / AFP)

En Allemagne, la loi sur l’autodétermination de genre entre en vigueur vendredi 1er novembre. Le pays rejoint ses voisins européens qui ont avant lui adopté le principe de l’autodétermination : la Belgique, le Luxembourg, le Danemark, ou encore l’Espagne et l’Irlande. 

Désormais en Allemagne, il suffira de remplir un formulaire pour changer de prénom et de genre. La procédure de changement d’état civil, d'un montant de 15 à 50 euros de frais administratifs selon les régions, durera trois mois (le délai de réflexion prévu par la loi) et celle-ci est largement simplifiée. "Avant il fallait convaincre un juge et deux psychiatres, et ces psychiatres pouvaient poser des questions très personnelles, concernant la masturbation, la sexualité. C'était humiliant", explique René Rain Hornstein, membre d’une association de conseils aux personnes trans, intersexes et non-binaires. Le processus pouvait auparavant durer un an ou plus, "c'était long et ça coûtait cher, plus de 1 000 euros et donc décourageant" résume le bénévole, ravi de cette simplification.

La demande se fait auprès du bureau d'état-civil local, après avoir choisi entre quatre possibilités: féminin, masculin, divers ou "pas de mention de genre". 

"Jusqu’à présent, je ne pouvais pas faire les choses de la vie courante"

À terme, les autorités s’attendent à 4 000 demandes de modification d’état-civil chaque année. Mais dès ce vendredi, 15 000 personnes ont prévu de demander un changement de genre. Parmi elles, Maximilian, homme transgenre de 41 ans, ne s’identifie pas à son état-civil. Il a débuté un traitement hormonal de substitution à la testostérone, et affirme être constamment confronté à des incompréhensions sur son identité, entre son apparence et ses papiers sur lesquels figure un prénom féminin. "Jusqu’à présent, je ne pouvais pas faire les choses de la vie courante, aller à la poste y récupérer un colis ou souscrire un contrat de téléphone. J'espère que quand je recevrai mes nouveaux papiers, je pourrai enfin vivre ma vie", se réjouit d'avance Maximilian.

Pour Kerstin Thost, la porte-parole de l’association LSVD+ pour la diversité queer en Allemagne, cette nouvelle loi aurait dû voir le jour depuis bien longtemps. "Pour la première fois, le législateur considère les personnes trans, inter et non binaires comme des êtres humains et leur accorde leurs droits fondamentaux à l’autodétermination. Maintenant, les gens peuvent enfin décider eux-mêmes qui ils sont. Avant, ils étaient considérés comme hors norme," souligne Kerstin Thost qui exprime aussi son soulagement : "La communauté s’est battue pendant des décennies pour que cela arrive enfin et nous sommes reconnaissants au gouvernement fédéral d’avoir tenu sa promesse de l’accord de coalition."

"C’est un pas vers la démocratie et le respect des droits de l’homme. Et nous espérons que cela inspirera d’autres pays".

Kerstin Thost, de l'association LSVD+

à franceinfo

 

Pour les associations, la nouvelle loi n’est pas encore parfaite et comporte des lacunes. René Rain Hornstein, de l’association de conseils aux personnes trans, intersexes et non-binaires, considère que le délai de trois mois est encore trop long. Autre point négatif : la loi ne s’applique pas à tout le monde de la même manière, les personnes sans titre de séjour par exemple ne peuvent pas y recourir, ce qui représente une lacune selon René Rain Hornstein.

Le texte n’est sans doute pas parfait mais "il a au moins le mérite d’exister", estime Kerstin Horst, la porte-parole de l’association LSVD+. La loi efface des tablettes le texte archaïque et plus que désuet de 1980 qui considérait la transidentité comme une maladie psychique.

Depuis 2019, l'OMS a enlevé le "trouble de l’identité de genre" de sa liste de maladies.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.