Inflation: "Si les aliments ne sont pas sales, pourquoi ne pas les donner ?", réclament les banques alimentaires allemandes pour récupérer des produits jetés par les supermarchés
Trois heures avant l'ouverture, la file d'attente est déjà longue devant Tafel, une banque alimentaire de l'est de Berlin, dans le quartier de Kopenick. Conséquence de l'inflation : la fréquentation a doublé en une seule année. Pour répondre à la demande, le gouvernement allemand envisage une réforme de la loi afin d'autoriser la récupération des denrées alimentaires jetées par la grande distribution.
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Ce projet est soutenu par les organismes caritatifs, aujourd'hui passibles de sanctions s'ils récupèrent, puis donnent, ce que les supermarchés jettent. Ils espèrent, comme Elisabeth, une bénévole de Tafel, ainsi pallier le manque de denrées à distribuer. Chaque mardi, cette sexagénaire voit ainsi 550 personnes se présenter pour récupérer de la nourriture.
Ce sont surtout les produits frais et les fruits et légumes qui manquent. Alors, les bénévoles doivent faire des choix, explique-t-elle.
"On ne peut pas donner autant qu'on voudrait parce que nous n'avons pas assez. Par exemple, on ne distribue du lait qu'aux familles avec enfants."
Elisabethà franceinfo
Le responsable du centre, Carol Seele, aimerait, lui aussi, que les marchandises jetées par la grande distribution puissent être récupérées. Chaque année, plusieurs tonnes de nourriture finissent au fond des bacs et conteneurs. "Parfois, ils jettent de très bonnes choses, comme de la viande, de la charcuterie, argumente le responsable. Il y a même aussi des conserves dont la date limite de consommation n'est pas toujours dépassée. Si les aliments ne sont pas sales, pourquoi ne pas les donner ?"
11 millions de tonnes de nourriture jetées chaque année
Mais la grande distribution n'est pas favorable à cette légalisation du ramassage des denrées alimentaires. Certains produits peuvent être avariés et présenter des risques pour la santé, avertit Phillip Haverkamp, directeur de la Fédération du commerce pour les régions de Berlin et Brandebourg. "Il peut s'agir de marchandises contaminées par des germes ou des moisissures, qui ont peut-être traînées par terre ou qui ont été retirées du marché. Elles ont l'air tout à fait normales, mais peuvent contenir des éclats de métal ou de verre. Tout ça ne se voit pas, ne se sent pas et cela peut donc être dangereux", détaille le directeur.
En Allemagne, 11 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année. Ce sont cependant les ménages qui sont majoritairement responsables de ce gaspillage. À Berlin, un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.
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