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Personne ne veut de la dépouille de l’ancien criminel SS Erich Priebke

La mort de l’ancien capitaine SS Erich Priebke, le 11 octobre 2013 à Rome, suscite une controverse en Italie. Il s’agit de savoir où enterrer celui qui a été condamné pour le massacre de 335 civils italiens en 1944, et n’a jamais renié ses convictions nazies: dans la Péninsule, mais l'Eglise catholique refuse ? En Argentine ? Ou en Allemagne, son pays d'origine ?
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'ancien capitaine SS Erich Priebke quittant les bureaux de son avovat à Rome le 18-6-2007. (Reuters - Dario Pignatelli)

Erich Priebke, surnommé le «boucher des Fosses Ardéatines», avait été condamné en 1998 à la réclusion à perpétuité pour sa participation à un massacre de civils dans la capitale italienne. Massacre décidé en représailles d’un attentat commis par des résistants contre une unité SS. Il est mort à l’âge de 100 ans, après avoir passé une quinzaine d’années assigné à résidence dans la capitale italienne.

Son avocat, Me Paolo Giachini, avait d’abord annoncé ses funérailles dans l'une des nombreuses églises de Rome. Mais l'évêché de la Ville éternelle a exclu toute cérémonie publique dans une église. En revanche, «une cérémonie privée dans une maison, l'Eglise n'a rien à dire là-dessus», a souligné le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi en soulignant que l'interdiction a été décidée par l'évêché. Aucune chapelle ardente ne sera installée à Rome à sa mémoire.

Par la suite, le défenseur, qui réclame des obsèques «honorables» pour Priebke, avait aussi annoncé qu'il serait enterré près de son épouse à San Carlos de Bariloche (Argentine). Ce dernier s'y était réfugié après la guerre et y avait ensuite tranquillement vécu comme hôtelier pendant plus de 40 ans. Mais les autorités argentines ont fait savoir qu'elles refusaient de recevoir le corps du criminel nazi sur leur territoire. «Les Argentins n'acceptent pas ce type d'outrages à la dignité  humaine», a expliqué le ministère des Affaires étrangères à Buenos Aires.

Des manifestants anti-fascistes crient des slogans au passage du corbillard transportant le cercueil du criminel de guerre nazi Erich Priebke à Albano Laziale, près de Rome, le 15 octobre. (Reuters - Yara Nardi)

«S'il n'y a pas d'autre solution, alors il faudrait procéder à l'incinération et disperser ses cendres comme le furent celles de nos grands-parents», a déclaré le président de la communauté juive de Rome, Riccardo Pacifici. L'incinération est «la solution la plus efficace pour qu'il ne reste aucune trace d'un criminel nazi comme Priebke. Le cadavre de Hitler a été brûlé, et cela s'est révélé la solution la meilleure, parce que cela permettait la destruction de tout ce que le nazisme avait représenté», a-t-il expliqué.

Selon lui, cela devrait avoir lieu en Allemagne: ce pays a «les lois les plus idoines pour éviter que les funérailles et l'inhumation ne se transforment en un show de néonazis» à Rome. De fait, le lendemain de la mort de l’ancien SS, des militants du mouvement fasciste Militia ont tenté de déposer un bouquet de fleurs sous les fenêtres de l'appartement où il avait vécu. Ils en ont été empêchés par la police.  

«L’ordre» du massacre «émanait directement de Hitler»
Le directeur du Centre Simon Wiesenthal, Efraim Zuroff, qui lutte pour que les criminels nazis répondent de leurs crimes, a lui aussi proposé une crémation.

Pour le ministère des Affaires étrangères allemand, «il peut naturellement être enterré» dans son pays d’origine. Mais «c’est une décision que les proches de M. Priebke doivent prendre», a-t-il ajouté.
 
Pendant son procès en première instance (1996) et en appel (1998) à Rome, Erich Priebke n’avait exprimé aucun remords. Il se disait «innocent». Il avait affirmé avoir été forcé de participer au massacre parce que «l’ordre émanait directement de Hitler». «Cet épisode m’a poursuivi toute ma vie. Mais je n’ai jamais voulu échanger ma dignité contre une exhibition publique de repentance», avait-il ajouté.

Jusqu’au bout, il aura défendu ses convictions nazies. Dans une interview réalisée fin juillet 2013, à l'occasion de ses 100 ans, il s’était ainsi fait l'écho de thèses révisionnistes sur l'existence des chambres à gaz, selon le document diffusé par l'agence TGCom. 

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