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Vidéo Allemagne : un artiste reproduit des tweets haineux devant le siège de Twitter pour dénoncer son laxisme

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

L'artiste israélien Shahak Shapira a signalé plus de 300 messages haineux à Twitter au cours des derniers mois, sans que le réseau social juge bon de les supprimer. Pour dénoncer ce laxisme, il a donc reproduit, au pochoir, une trentaine de ces tweets devant le siège allemand du site, à Hambourg.

Cachez ces tweets qu'on ne saurait voir. Pas cette fois, non. Quand les employés de Twitter sont arrivés au travail, lundi 7 août à Hambourg (Allemagne), ils ont découvert des tombereaux d'injures xénophobes, homophobes et négationnistes taguées sur le trottoir qui borde le bâtiment. "Niggers are a plague for our society" ("Les nègres sont une plaie pour notre société"), "Schmule raus nach auschwitz" ("Les gays à Auschwitz"), "Jews scum" ("Vermine juive")… Au total, ce sont une trentaine de tweets qui ont été reproduits tels qu'ils ont été postés sur le réseau social.

L'opération a été conduite durant la nuit, à l'aide de pochoirs, mais son objectif est bel est bien de dénoncer de tels propos. Avec ce projet, baptisé "#HeyTwitter" ("Hé, Twitter"), Shahak Shapira veut interpeller le réseau social, dont il juge la politique de modération trop laxiste.

"Si Twitter me force à voir ça, il doit les voir aussi"

En six mois, cet artiste israélien installé en Allemagne a signalé plus de 450 messages sur Facebook et Twitter. "Il ne s'agissait pas simplement d'insultes ou de plaisanteries, explique le jeune homme, mais de sérieuses menaces de violence". Facebook a supprimé 80% de ces publications et lui a répondu dans un délai d'un à trois jours. Mais l'attitude de Twitter l'a stupéfait. "J'ai signalé plus de 300 messages, mais je n'ai reçu que neuf réponses, toutes pour me dire [que les messages incriminés] ne violaient pas les règles de modération."

Les réseaux sociaux sont régulièrement critiqués pour leur mauvaise gestion des contenus haineux. Shahak Shapira reproche notamment à Twitter de fermer les yeux sur ce genre de messages et de ne pas l'avoir informé des conséquences de ses signalements : "Si Twitter me force à voir ces choses-là, alors Twitter doit également y jeter un œil". En matérialisant cette violence devant leur lieu de travail, il oblige ainsi les employés à"contempler ces jolis tweets que leur entreprise se plaît tant à ignorer".

Le site a mis en place, depuis mars, une automatisation partielle de la modération afin de soulager ses équipes. En juin, la Commission européenne avait reconnu quelques progrès (PDF) chez Facebook, YouTube et Twitter, mais ce dernier figurait tout de même en queue de peloton. Seuls 37,5% des contenus signalés sont en effet modérés (contre 66,5% sur Facebook) et 68,9% des utilisateurs sont informés des mesures prises après leur signalement (contre 95,7% pour Facebook). Avec son coup d'éclat, Shahak Shapira espère que Twitter améliore l'expérience de ses utilisateurs.

Ce n'est pas la première fois que Shahak Shapira s'attaque aux dérives des réseaux sociaux. En janvier, il épinglait les touristes qui se prenaient en photo au mémorial de l'Holocauste, à Berlin. Le projet Yolocaust (pour YOLO, "You only live once", on ne vit qu'une fois, et Holocauste) montrait des photomontages d'anonymes rigolards au milieu de déportés et de cadavres.

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