Ce que l'on sait d'Anis Amri, l'auteur de l'attentat de Berlin
Anis Amri, qui a revendiqué l'attentat de Berlin dans une vidéo, a été abattu par la police italienne alors qu'il tentait de forcer un contrôle près de Milan.
La chasse à l'homme a pris fin. Quatre jours après l'attentat de Berlin, qui a fait 12 morts sur un marché de Noël de la capitale allemande, les autorités italiennes ont annoncé, vendredi 23 décembre, qu'Anis Amri, l'auteur de l'attaque, avait été abattu lors d'un contrôle de police dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 décembre à Milan. Identifié comme suspect numéro 1 par le parquet antiterroriste allemand, Anis Amri était visé par un mandat d'arrêt européen. Voici ce que l'on sait de son parcours.
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Il a grandi dans un milieu modeste
Anis Amri est né en 1992 à Tataouine, en Tunisie. Issu d’une famille modeste, il aurait passé une partie de sa jeunesse à Oueslatia, ville de 8 000 habitants dans le centre du pays, à en croire le journal allemand Die Welt (en allemand). Il aurait arrêté l'école à 15 ans, avant de tomber rapidement dans la petite délinquance. Il a 16 ans, en 2008, quand il est condamné à un an de prison pour avoir consommé du cannabis, écrit Le Monde. Rebelote deux ans plus tard, en 2010. Anis Amri est cette fois condamné à quatre ans de prison pour vol et cambriolage. "Mais en pleine 'Révolution du Jasmin', il profite du désordre ambiant pour quitter le pays, après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali", détaille de son côté Le Figaro.
Il a quitté la Tunisie pour l'Italie en 2011
Quelques mois plus tard, en 2011, Anis Amri décide de quitter la Tunisie pour rejoindre l’Italie, "dans la foulée des troubles qui agitent le pays au lendemain du changement de régime", décrit Le Monde. Il a 19 ans, il embarque sur un bateau clandestin pour rejoindre la petite île italienne de Lampedusa, avant d'être transféré en Sicile. "Anis est aussi parti pour fuir la misère. Il n'avait aucun avenir en Tunisie et il voulait améliorer la situation financière de notre famille", plaide l'un de ses frères, Abdelkader, interrogé par l'AFP. Depuis ce départ, il n'a jamais revu sa famille, "mais il donnait des nouvelles par téléphone", croit savoir Le Monde.
Mais en Italie, rien ne change. Il retombe dans la délinquance. Très vite, il est repéré pour son caractère violent. Fin 2011, il est condamné à une peine de prison pour avoir incendié le centre d'accueil où il résidait. Il est remis en liberté en mai 2015, indique Libération. C'est sans doute derrière les barreaux qu'il s'est radicalisé, selon la presse italienne. Les autorités du pays tentent de le renvoyer dans son pays d'origine. La Tunisie refuse. Anis Amri est alors prié de quitter l'Italie. Le voilà qui débarque en Allemagne en juillet 2015, en pleine crise migratoire. "L'Allemagne s'apprête à accueillir près de 900 000 demandeurs d'asile fuyant la guerre et la misère", rappelle Le Figaro.
Il avait déposé plusieurs demandes d'asile
En Allemagne, Anis Amri aurait demandé l'asile à plusieurs reprises sous des noms différents, dès avril 2016. Ses requêtes ont été rejetées mais l'Allemagne n'est toutefois pas parvenue à le renvoyer dans son pays, la Tunisie contestant pendant plusieurs mois qu'il soit l'un de ses ressortissants.
Anis Amri a passé son temps à se déplacer en divers endroits du pays, manifestement pour brouiller les pistes. Selon Bild, le suspect aurait utilisé plusieurs passeports. "Très mobile" selon les autorités allemandes, il a vécu dans les régions de Bade-Wurtemberg (sud-ouest), de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest) puis dernièrement à Berlin.
A l'été 2016, Anis Amri aurait dû être expulsé, d'après Der Spiegel, qui s'appuie sur des "documents confidentiels". Il aurait été placé en détention dans la prison du district de Ravensburg. "On ignore s'il n'a finalement pas été expulsé ou s'il est revenu après son expulsion", précise l'hebdomadaire allemand.
Hasard du calendrier, le document devant permettre de le renvoyer dans son pays est arrivé mercredi en Allemagne.
Il était surveillé depuis plusieurs mois
Rapidement identifié par les autorités comme proche de la mouvance salafiste-islamiste, Anis Amri était classé "individu dangereux" depuis des mois. Le Tunisien, disposant de plusieurs identités, a fini par être signalé en novembre au centre allemand de lutte contre le terrorisme.
Il était aussi visé depuis mars par une enquête confiée au parquet de Berlin pour "préparation d'un acte criminel grave représentant un danger pour l'Etat". Il était soupçonné de préparer un braquage pour acheter des "armes automatiques et probablement ensuite, avec l'aide de complices qu'il voulait trouver, de commettre un attentat".
Le parquet de Berlin s'est défendu face à la controverse naissante sur l'inefficacité de la justice en expliquant avoir surveillé de près le Tunisien. Mais en dehors d'une activité de "petit trafiquant de drogue" et d'une bagarre dans un bar, aucun élément justifiant son arrestation n'a été trouvé. L'affaire a donc été classée faute d'éléments suffisants et la surveillance d'Anis Amri a cessé en septembre.
Le quotidien Süddeutsche Zeitung affirme qu'il aurait entretenu des contacts avec Abu Walaa, un salafiste irakien arrêté en novembre avec quatre autres hommes, et accusé de recruter pour l'Etat islamique en Allemagne.
Il a été abattu en Italie
Contrôlé dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 décembre par une patrouille de police à la gare routière de Sesto San Giovanni, dans la banlieue de Milan, Anis Amri a été abattu après avoir sorti une arme et tiré sur un policier. La fin de quatre jours de cavale, depuis Berlin à Milan. Soit 1 500 kilomètres.
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