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Attentats de Bruxelles : ce que les otages français révèlent sur Najim Laachraoui

Le kamikaze de l'aéroport de Zaventem a été identifié comme l'un des gêoliers du groupe Etat islamique en Syrie.

Article rédigé par franceinfo
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Photo non datée diffusée par Interpol le 27 mars 2016 de Najim Laachraoui, un des kamikazes des attentats de Bruxelles (Belgique). (INTERPOL / AFP)

Najim Laachraoui, l'un des deux kamikazes de l'aéroport de Bruxelles, a été identifié par quatre anciens otages français comme l'un de leurs geôliers en Syrie. "Ce n'était pas un garde, il avait un rôle un peu particulier", révèle toutefois Didier François à Europe 1, vendredi 22 avril. Francetv info fait le point sur ce que les témoignages de ces anciens prisonniers nous apprennent sur le terroriste.

Najim Laachraoui est décrit comme un homme "extrêmement brillant"

Najim Laachraoui était "très jeune" lors de son séjour en Syrie : il n'avait que 23 ans lorsqu'il a rejoint le groupe jihadiste en février 2013. Didier François le décrit toutefois comme un homme "intelligent", "extrêmement brillant".

"On a eu de très longues discussions, y compris très théoriques, se souvient l'ancien otage du groupe Etat islamique. C'est quelqu'un qui avait beaucoup lu, (...) qui avait une approche intellectuelle et comparative de l'islam et de la religion catholique."

Lors de leurs auditions par les services de renseignement, les anciens prisonniers ont en outre rapporté que Najim Laachroui s'amusait parfois à leur poser des questions scientifiques. Selon Le Parisien, le jihadiste avait entamé des études d'électromécanique à Bruxelles, avant son départ pour la Syrie.

Il était geôlier aux côtés de Mehdi Nemmouche

Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres ont identifié Najim Laachroui comme l'un de leurs geôliers dès 2014. Le jihadiste belge, a l'époque surnommé Abou Idriss, a côtoyé durant cette période l'auteur de la fusillade du musée juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche

Ce dernier "était là en permanence, chargé de nous apporter le peu à manger qu'on avait et de s'occuper de la torture" des prisonniers syriens et irakiens, affirme Didier François.

Najim Laachraoui était en revanche "l'un des cadres de l'Etat islamique, pas l'un des gardes de base". "Il faisait partie de l'appareil sécuritaire mais à la différence des autres, qui étaient des brutes épaisses, (...) il n'utilisait jamais la violence", explique Didier François.

Le jihadiste était "en charge des négociations"

Najim Laachraoui jouait donc un rôle "particulier" au sein du groupe Etat islamique. Il était chargé de "faire la liaison avec les émirs et les responsables" du groupe terroriste, selon Didier François. "C'est avec lui qu'il y avait un certain nombre de discussions sur les négociations", à la demande de l'émir de la région", poursuit l'ex-otage.

"Il posait beaucoup de questions pour savoir comment cela pouvait se passer pour négocier nos libérations", a encore expliqué un ancien prisonnier lors de son audition, rapporte Le Parisien. Le jihadiste a même consigné les adresses de chaque otage afin de pouvoir les retrouver une fois en Europe.

Najim Laachraoui aurait enfin "personnellement veillé" au transfert des prisonniers occidentaux, lorsqu'une offensive des rebelles de l'Armée syrienne libre a menacé la base de l'EI en janvier 2014. Selon Le Parisien, le jihadiste bénéficiait de la "confiance" des responsables du groupe terroriste.

Il serait le "coordinateur" des attentats de Paris et Bruxelles

Selon Didier François, Najim Laachraoui faisait partie des organisateurs des attentats de Paris et de Bruxelles. "On voit bien que pendant les [attaques du 13 novembre] il était en base arrière, à Bruxelles, relève le journaliste. C'est un des concepteurs, il n'était pas parmi la première vague qui est allée se faire sauter."

L'ancien otage du groupe Etat islamique estime que le terroriste a décidé de "passer à l'attentat suicide" à l'aéroport de Zaventem parce qu'il était "poussé par la traque policière". "Son objectif était de réorganiser des attentats donc il était, d'un certain point de vue, préservé par l'organisation", conclut Didier François.

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