Cet article date de plus de huit ans.

Qui sont les "experts en terrorisme" qui squattent les médias après un attentat ?

Chercheurs, anciens espions ou experts autoproclamés, ils interviennent pour livrer une analyse en temps réel quand l'actualité s'accélère. 

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 25min
De gauche à droite : Claude Moniquet, Jean-Louis Bruguière, Thibault de Montbrial et Mathieu Guidère. (AFP / SIPA / FRANCETV INFO)

Les médias les nomment parfois, par facilité, "experts en terrorisme". Ils sont chercheurs, retraités des services de renseignement, journalistes, anciens juges ou tout simplement spécialistes autoproclamés. Ils envahissent les médias pour commenter une actualité traumatique comme les attentats de Bruxelles en mars ou ceux de Paris en novembre.

Chargés de commenter l'événement en temps réel, ils livrent une analyse à chaud et s'exposent aux approximations. "Les plateaux télé et radio sont trustés par des gens qui n'ont mené aucun travail empirique sur le sujet", s'est agacé le journaliste de RFI David Thomson, mercredi 23 mars. Sans chercher à distribuer les bons ou les mauvais points, francetv info a tenté de mieux cerner l'identité de ces "experts" qui participent à la fabrication de l'actualité.

Allez directement à la fiche de :

• Claude Moniquet
Mathieu Guidère
Frédéric Encel
Roland Jacquard
Mohamed Sifaoui
Pierre Servent
David Thomson
Louis Caprioli
Jean-Louis Bruguière
Jean-Charles Brisard
Thibault de Montbrial
• Marc Trévidic
Gilles Kepel
Alain Bauer

Claude Moniquet

Claude Moniquet, le 3 mars 2015, en Belgique. (SIPANY / SIPA)

Domaine de compétence : les questions stratégiques, le renseignement et la sécurité globale, selon la présentation de son blog. Il se définit aussi sur Twitter comme spécialiste de la "lutte contre le terrorisme et du Moyen-Orient".

CV : 56 ans, de nationalité franco-belge. Ancien journaliste et ancien agent de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure), il a surtout exercé son métier d'espion dans l'est de l'Europe, notamment dans les Balkans. Il s'est reconverti dans le métier de consultant en participant à la création de l'Esisc, un centre européen de recherche, d'analyse et de conseil en matière stratégique, basé à Bruxelles. Une structure qui s'est vu refuser en 2007 l’autorisation de fournir des services de consulting en sécurité par le gouvernement belge, rappelle Le Soir.

Publications : il est l'auteur de nombreux ouvrages (12 sont disponibles sur Amazon) comme Néo-djihadistes (Editions Jourdan), Le Djihad, histoire secrète des hommes et des réseaux en Europe (Ramsay) ou encore une Histoire de l'espionnage mondial en deux volumes (Editions du Félin)

Légitimité : il a été épinglé pour des approximations dans ses analyses, comme le détaille Arrêt sur images, s'attirant les moqueries des internautes belges. Mais son passé d'ancien espion lui apporte une certaine connaissance du terrain. Claude Moniquet se défend par ailleurs dans le magazine belge Moustique : "Je ne suis pas expert en terrorisme. Je sais juste de quoi je parle. J'ai travaillé plus de vingt ans pour la DGSE." Il justifie par ailleurs son omniprésence dans les médias par la qualité de ses interventions : "J'ai souvent eu raison avant les autres." Précision importante, Claude Moniquet est rémunéré pour ses interventions sur i-Télé et Canal+, rappelle Télérama.

Retournez à la liste des "experts"

Mathieu Guidère

Mathieu Guidère, le 19 avril 2014 à Paris. (CHAUVEAU / SIPA)

Domaine de compétence : spécialiste du monde arabe et de l'islam, il a notamment travaillé sur la radicalisation dans le monde musulman.

CV : 45 ans, franco-tunisien. Agrégé d'arabe, il est professeur en islamologie et géopolitique arabe à l'université de Toulouse depuis 2011, comme l'indique son CV en ligne.

Publications : il a écrit une trentaine d'ouvrages dont, récemment, Terreur : la nouvelle ère (Editions Autrement, 2015), L'Etat islamique en 100 questions (Editions Tallandier, 2016) ou Le Retour du Califat (Gallimard, 2016).

Légitimité : son expertise de la langue arabe lui donne du crédit, mais il se révèle "moins fin politologue que très bon linguiste", note Télérama. "Cette phrase vient de mon ennemi intime Gilles Kepel", répond Mathieu Guidère à francetv info. "Et je lui réponds que lui se révèle être un bon politologue, mais qu'il ne parle pas bien arabe." Il évoque sa trentaine d'ouvrages et les 22 dialectes qu'il maîtrise pour s'affirmer comme "l'un des meilleurs connaisseurs du monde musulman". Il ajoute qu'une bonne compréhension du sujet nécessite de s'intéresser aux diverses écoles aux approches différentes.

Concernant le sujet du terrorisme, il rappelle qu'il n'a jamais cherché à parler de ces questions-là, "mais ce sont les médias qui insistent". Il accepte malgré tout certaines invitations pour "remettre les pendules à l'heure", car il reproche aux chaînes d'information en continu de fabriquer de faux experts : "Elles ont besoin de meubler et font donc appel aux gens qui sont disponibles, ce qui revient à solliciter des gens qui n’ont pas de travail."

Retournez à la liste des "experts"

Frédéric Encel

Frédéric Encel, le 26 septembre 2014 à Paris. (BALTEL / SIPA)

Domaine de compétence : spécialiste des relations internationales. Il traite surtout de la géopolitique du Proche-Orient et du conflit israélo-palestinien, mais s'exprime sur de nombreux sujets (Iran, Turquie, Russie…), note Télérama.

CV : 47 ans, de nationalité française. Docteur en géopolitique, professeur de relations internationales, maître de conférences à Sciences-Po Paris, consultant… Frédéric Encel multiplie les casquettes et déroule un CV imposant.

Publications : il est l'auteur d'une quinzaine de livres, manuels ou essais : De quelques idées reçues sur le monde contemporain (Autrement, 2013), Géopolitique du Printemps arabe (Presses universitaires de France, 2014), Petites leçons de diplomatie. Ruses et stratagèmes des grands de ce monde à l'usage de tous (Autrement, 2015).

Légitimité : il est souvent pointé du doigt par ses détracteurs comme étant un chercheur pro-israélien. Le géopolitologue Pascal Boniface lui reprochait, dans un billet publié en 2013, de se présenter "comme un universitaire neutre et objectif, modéré et partisan de la paix, pour mieux servir la propagande de Netanyahou".

Interrogé par francetv info, Frédéric Encel se réfère au sérieux de ses travaux universitaires et défend son "honnêteté intellectuelle". Il renvoie la balle à Pascal Boniface, qu'il accuse d'être "profondément anti-israélien". Concernant sa place dans les médias pour parler du terrorisme, il ne se revendique pas comme "expert" et assure qu'il précise toujours son domaine de spécialité à ses interlocuteurs.

Retournez à la liste des "experts"

Roland Jacquard

Roland Jacquard, le 12 janvier 2015, sur France 2. (FRANCE 2 / FRANCETV INFO)

Domaine de compétence : les questions liées au terrorisme. Il a notamment travaillé sur Al-Qaïda et les attentats du 11 septembre 2001.

CV : ancien journaliste, notamment au Canard enchaîné, il est expert auprès des pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, selon sa fiche biographique rédigée pour l'émission C dans l'air dont il est un pilier. Il a également fondé, en 2002, l'Observatoire international du terrorisme, dont il est le président — et le seul membre. Un observatoire sans publication ni existence légale, affirme Le Monde. La structure se définit comme un "organisme non gouvernemental constitué d’experts". "Un réseau informel qui s’est formé autour de moi", précise Roland Jacquard au Monde

Publications : il a écrit une vingtaine d'ouvrages, essentiellement sur Carlos, Action directe et Al-Qaïda. Des publications qui commencent à dater. On peut citer Les Archives secrètes d'Al-Qaïda (Jean Picollec, 2002), Au nom d'Oussama Ben Laden... (Jean Picollec, 2001) ou Fatwa contre l'Occident (Albin Michel, 1998).

Légitimité : Sa rigueur a été mise en cause à plusieurs reprises, notamment pour avoir brandi sur France 5 un document terroriste supposé explosif mais contesté par la suite, raconte Arrêt sur images. Pour défendre sa légitimité, Roland Jacquard évoque au Monde ses décorations honorifiques, ses contacts avec des organismes internationaux et ses diverses recommandations, comme celle de Jacques Chirac, qui le considérait comme "l’un des meilleurs experts stratégiques français". Tout cela ne l'empêche pas d'être boycotté par certains médias comme BFMTV, révèle Télérama.

Retournez à la liste des "experts"

Mohamed Sifaoui

Mohamed Sifaoui, le 11 septembre 2009 à Paris. (BALTEL / SIPA)

Domaine de compétence : l'islamisme et l'Algérie. Il est parfois présenté dans les médias comme "spécialiste des réseaux terroristes et islamistes".

CV : 48 ans, de nationalité franco-algérienne. Mohamed Sifaoui se définit sur son profil overblog comme "journaliste, écrivain et réalisateur engagé contre les extrémismes et notamment l'intégrisme musulman". Comme le montre son compte Twitter, il ne masque pas son engagement contre l'islamisme.

Publications : il a écrit une quinzaine d'ouvrages, dont Pourquoi l'islamisme séduit-il ? (Armand Colin, 2010), Aqmi, le groupe terroriste qui menace la France (Encre d'Orient, 2010), Histoire secrète de l'Algérie indépendante (Nouveau Monde, 2012).

Légitimité : son travail de journaliste lui a permis d'acquérir une certaine connaissance, notamment des réseaux islamistes, mais il n'est pas chercheur. Ses propos dans les médias relèvent souvent plus de la posture d'éditorialiste que de la démarche scientifique, comme sur France 5 après les attentats de Bruxelles, quand il lâche : "Les islamistes sont des salopards qu’il faut annihiler, il faut l’assumer et ne pas laisser ce discours à l’extrême droite." Il a créé plusieurs fois la polémique, notamment lorsqu'il a affirmé sur RMC que les Asiatiques ne viendraient en France que "pour gagner de l'argent". Une déclaration qui a valu à la radio une mise en demeure du CSA.

Retournez à la liste des "experts"

Pierre Servent

Pierre Servent, le 10 mars 2005 à Paris. (IBO / SIPA)

Domaine de compétence : les questions de défense et l'armée.

CV : 62 ans, de nationalité française. Ancien journaliste et colonel de réserve spécialiste d'état-major, il a travaillé dans la communication pour de grands groupes privés, comme l'indique une fiche rédigée par une agence de conseil en conférenciers. Il a également été conseiller du ministre de la Défense Charles Millon, entre 1995 et 1997.

Publications : il est l'auteur d'une dizaine de livres, principalement autour des questions militaires, dont Extension du domaine de la guerre (Robert Laffont. 2016), Le complexe de l’autruche. Pour en finir avec les défaites françaises (Perrin, 2011),  Les guerres modernes racontées aux civils… et aux militaires (Buchet-Chastel, 2009).

Légitimité : son expérience dans l'armée lui apporte une connaissance des questions de défense, mais l'expertise atteint ses limites quand il s'exprime sur le terrorisme. Interrogé sur BFMTV après les attentats de Bruxelles, il joue les Cassandre, note Télérama, en disant du suspect recherché par la police belge : "S’il est dans une posture mentale de kamikaze, il peut retourner dans sa cache pour se rééquiper et faire une duplication pour saturer les secours mais aussi saturer notre espace mental." Il est également accusé par Acrimed de manquer d'indépendance et de présenter une analyse partisane, en raison de ses liens avec l'armée.

Retournez à la liste des "experts"

David Thomson

David Thomson, le 24 mars 2016, sur le plateau de l'émission C à vous sur France 5. (FRANCE 5 / FRANCETV INFO)

Domaine de compétence : les jihadistes français et tunisiens.

CV : journaliste pour RFI, il a arpenté le terrain dans plusieurs pays d'Afrique. Il était notamment en Libye au moment de la guerre en 2011 et en Tunisie au cours de la transition politique.

Publications : après un an d'enquête, il publie en 2014 le livre Les Français jihadistes (Les Arènes) qui regroupe les témoignages d'une vingtaine de Français partis faire le jihad. L'ouvrage reste une référence pour comprendre la mécanique jihadiste.

Légitimité : David Thomson est devenu en peu de temps une référence, de par sa connaissance des réseaux jihadistes grâce à sa présence sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Il refuse tout contact avec les services de renseignement afin d'éviter le mélange des rôles, comme il l'explique à i-Télé, ce qui lui a permis de gagner la confiance de ses sources. Il ne parle pas l'arabe, mais considère que ce n'est pas un problème puisque les jihadistes eux-mêmes "ne parlent pas un mot d'arabe".

Retournez à la liste des "experts"

Louis Caprioli

Louis Caprioli, le 15 juillet 2009, sur le plateau de LCI. (IBO / SIPA)

Domaine de compétence : spécialiste des services de renseignement et des réseaux islamistes en Afrique du Nord et en Europe. 

CV : il a été, de 1998 à 2004, le sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la direction de la surveillance du territoire, un service de renseignement devenu la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure). Il est aujourd'hui conseiller spécial pour la société de sécurité privée Geos, comme le rappelle France inter.

Légitimité : ses anciennes fonctions lui ont apporté une véritable connaissance des services de renseignement et des réseaux terroristes. A ce titre, il est amené à s'exprimer fréquemment dans les médias.

Retournez à la liste des "experts"

Jean-Louis Bruguière

L'ancien juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, le 30 juin 2014 à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

Domaine de compétence : l'antiterrorisme.

CV : 72 ans, de nationalité française. Ancien juge, Jean-Louis Bruguière s'est spécialisé dans l'antiterrorisme dans les années 1980. Il a instruit de nombreux dossiers médiatiques, de l'attentat de la rue des Rosiers à ceux de 1995 en passant par Carlos ou le groupe Action directe. Il a été premier vice-président de la section d'instruction "lutte antiterroriste" du tribunal de grande instance de Paris. Il s'est tourné ensuite vers la politique, en se présentant sous l'étiquette UMP-PRV aux législatives de 2007 dans le Lot-et-Garonne (qu'il a perdues face à Jérôme Cahuzac).

Publications : il a publié un livre d'entretiens avec le journaliste de L'Express Jean-Marie Pontaut : Ce que je n'ai pas pu dire : 30 ans de lutte contre le terrorisme (Robert Laffont,‎

Légitimité : en 2011, il a été suspecté de "faux témoignage" et d’"entrave à la justice" dans le dossier de l'attentat de Karachi, et entendu par son successeur à l'antiterrorisme, Marc Trévidic, comme le rappelle Libération. A noter que son engagement politique nécessite de se montrer prudent quand les propos dépassent le simple cadre de l'analyse.

En revanche, il connaît parfaitement le fonctionnement de la justice antiterroriste, même s'il ne fait plus partie de la magistrature depuis 2007. "Quand j'entends un ancien juge antiterroriste parler dans les médias, je pars du principe qu'il est compétent", assure Frédéric Encel à francetv info.

Retournez à la liste des "experts"

Jean-Charles Brisard

Jean-Charles Brisard, le 5 mars 2015, sur le plateau de LCI. (IBO / SIPA)

Domaine de compétence : il se présente comme spécialiste de "l'intelligence économique", mais aussi du terrorisme et de son financement, dans sa biographie Twitter

CV : 47 ans, de nationalité française. Il a commencé sa carrière en politique, comme assistant parlementaire du député Alain Marsaud puis conseiller d'Edouard Balladur. Passé au privé, il a travaillé pour le groupe Vivendi, indique son site. Il a rédigé un rapport sur les réseaux financiers d’Oussama Ben Laden et s'est retrouvé mandaté par un avocat américain pour démontrer l'implication de la monarchie saoudienne dans les attentats du 11 septembre 2001. Il a par ailleurs laissé entendre dans le bureau de Marc Trévidic qu'il avait fait partie des services secrets français, indique Le Monde. Il préside actuellement le Centre d'analyse du terrorisme, un think tank européen qu'il a fondé en 2014 avec, notamment, l'avocat Thibault de Montbrial.

Publications : il est l'auteur de quatre ouvrages, toujours coécrits, dont Zarkaoui, le nouveau visage d’Al-Qaïda (Fayard, 2005 ), Ben Laden, la vérité interdite (Denoël, 2002) et Enquête au cœur du RPR (Jacques Grancher, 1996).

Légitimité : le journal Le Monde lui a consacré une enquête qui met en doute "sa fiabilité". Guillaume Dasquié, un ancien coauteur aujourd'hui en conflit, le décrit en des termes peu élogieux  "Un garçon fragile, soucieux de plaire aux services secrets, pour lesquels il rédige quantité de notes où rumeurs grossières et informations s'entremêlent." Le journaliste Guy Birenbaum ajoute qu'il a "du mal à saisir la crédibilité, l'identité (enquêteur ou lobbyiste, agent d'influence ou 'agent' tout court, etc.) et l'honnêteté intellectuelle" de l'expert. Néanmoins, il reste, selon ce blogueur sur le Huffington Post, une voix à écouter parmi les "observateurs qui apportent un vrai plus au débat et de la réflexion".

Retournez à la liste des "experts"

Thibault de Montbrial

Thibault de Montbrial, le 11 décembre 2013 à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

Domaine de compétence : "Il intervient régulièrement dans les médias sur les thèmes de la politique pénale et de la défense des victimes, de la légitime défense et du terrorisme", indique sa fiche sur le site du think tank Le Cercle K2.

CV : 47 ans, de nationalité française. Après un passage par le 6e régiment de parachutistes d'infanterie de marine, il devient avocat en 1995. Il enseigne le droit à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il participe en 2014 à la fondation du Centre d'analyse du terrorisme, puis en 2015 à celle du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. Cette structure qu'il préside (et dont il est le seul membre) souhaite "contribuer au débat public en apportant des propositions opérationnelles concrètes"

Publications : dans la foulée des attaques de janvier 2015 à Paris, il a publié Le sursaut ou le chaos (Plon, 2015).

Légitimité : interrogé par Le Monde, Thibault de Montbrial admet qu'il a créé le Centre de réflexion sur la sécurité intérieure pour se donner une légitimité : "J’étais présenté comme 'avocat spécialiste du terrorisme', ce qui ne veut rien dire." Désormais, il peut s'appuyer sur un titre pour porter son discours partisan, pique le quotidien. Car, tout comme Jean-Charles Brisard et Marc Trévidic, il milite pour un renforcement de la législation contre le terrorisme, comme dans cette tribune du Figaro. Un "engagement" qu'il revendique dans une longue interview accordée à BFMTV

Retournez à la liste des "experts"

Marc Trévidic

Marc Trévidic, le 2 juillet 2015 à Paris. (MARTIN BUREAU / AFP)

Domaine de compétence : l'antiterrorisme.

CV : 50 ans, de nationalité française. En tant que juge antiterroriste, Marc Trévidic a instruit de nombreux dossiers, dont ceux des attentats de la rue des Rosiers, de la rue Copernic ou encore l'affaire Karachi. Après dix ans au pôle antiterroriste du tribunal de grande instance de Paris, il a été contraint de quitter ses fonctions pour prendre un poste à Lille, car la loi interdit aux juges spécialisés d’occuper les mêmes fonctions plus de dix ans, explique Slate

Publications : il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Au cœur de l'antiterrorisme (JC Lattès,‎ 2011), Terroristes : les 7 piliers de la déraison (JC Lattès,‎ 2013), Qui a peur du petit méchant juge ? (JC Lattès,‎ 2014).

Légitimité : grâce à ses fonctions de magistrat, son expertise des dossiers liés au terrorisme est incontestable. Il l'a prouvé à de nombreuses reprises dans les médias, notamment lors d'une interview sur France 2 où il révèle que le scénario des attentats de novembre à Paris était à craindre.

Marc Trévidic n'hésite pas à prendre position. Il réclame notamment un renforcement de la législation contre le terrorisme, comme Thibault de Montbrial ou Jean-Charles Brisard. Il est d'ailleurs membre du comité d'honneur des structures fondées récemment par ces derniers, le Centre d'analyse du terrorisme et le Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.

Retournez à la liste des "experts"

Gilles Kepel

Gilles Kepel, à Paris, en 2012. (ULF ANDERSEN)

Domaine de compétence : politologue et sociologue, spécialiste du monde arabe et musulman.

CV : 60 ans, de nationalité française. Gilles Kepel possède un double doctorat en sociologie et sciences politiques. Il est professeur des universités à Sciences Po Paris, membre de l'Institut universitaire de France et membre du haut conseil de l'Institut du monde arabe. 

Publications : il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages, dont certains font référence. On peut citer Passion arabe (Gallimard, 2013), Passion française. La voix des cités (Gallimard, 2014), Terreur dans l'Hexagone, Genèse du djihad français (Gallimard, 2015).

Légitimité : Gilles Kepel est considéré comme l'un des universitaires les plus compétents sur le monde arabo-musulman. Il intervient régulièrement dans les médias, mais souvent après avoir pris du recul pour éviter les pièges de l'information en continu et il impose ses conditions (temps de parole, débatteurs...), affirme Télérama. Malgré tout, Mathieu Guidère, qui se considère comme son "ennemi intime", lui reproche de ne pas suffisamment parler arabe : "Il n’a rien à voir avec le domaine arabisant, il peut faire une analyse sociologique mais il faut qu’il arrête de parler de l’islam."

Retournez à la liste des "experts"

Alain Bauer

Alain Bauer, le 8 juillet 2013, à Lyon (Rhône). (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Domaine de compétence : spécialiste en criminologie et en sécurité.

CV : 53 ans, de nationalité française. Après des études en sciences politiques, il devient en 2009 le premier titulaire de la chaire en criminologie appliquée au Conservatoire national des arts et métiers, poste ne nécessitant pas de doctorat. Il enseigne dans de nombreuses universités en France et à l'étranger. Il a été pendant trois ans grand maître du Grand Orient de France, une obédience maçonnique. Il a été conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions de sécurité, et entretient de nombreuses relations au Parti socialiste (de Manuel Valls à Jean-Christophe Cambadélis).

Publications : il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la franc-maçonnerie et sur la criminologie, tels que Dictionnaire amoureux du crime (Plon, 2013), Le terrorisme pour les nuls (2014), Dernières nouvelles du crime (CNRS éditions,‎ 2013).

Légitimité : son CV interminable parle pour lui et ses nombreux ouvrages prouvent son travail de fond. Mais il est aussi la cible de nombreuses critiques, comme celles du sociologue Laurent Mucchielli, qui s'oppose à sa légitimation universitaire et lui reproche régulièrement, sur son blog, des visées idéologiques. "Le débat sur ma personne est naturel – qu’on me traite de faussaire ou d’escroc, je m’en occupe. Le débat sur la criminologie est aberrant. (…) La France est très en retard en [la] matière", répond l'intéressé à Libération.

Retournez à la liste des "experts"

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.