Mort de Silvio Berlusconi : pourquoi était-il surnommé "Il Cavaliere" ?
Un prénom, un nom et un surnom. Dans les nécrologies publiées après la mort de Silvio Berlusconi, lundi 12 juin, le mot Cavaliere n'est jamais très loin du patronyme de l'ancien Premier ministre. Et il a accompagné la longue et tortueuse trajectoire politique de ce magnat des médias, héraut de la droite transalpine depuis les années 1990. Pourquoi a-t-il hérité de ce qualificatif, assumé pendant plusieurs décennies ? Franceinfo revient sur l'histoire d'un surnom qui a marqué la politique italienne.
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Il faut remonter aux années 1970. Silvio Berlusconi n'est pas encore un homme politique, mais déjà un entrepreneur milanais à succès. Dans la capitale lombarde, il a fait fortune dans l'immobilier en bâtissant de nouveaux quartiers au cœur de l'arrière-pays milanais avec sa société Edilnord, lancée en 1963. La plus grosse pierre de cet édifice est la création du quartier résidentiel Milano 2.
"Il Cavaliere" à l'assaut du monde politique
Ce projet urbain lui vaut le titre de Chevalier de l'ordre du mérite et du travail, Cavaliere del Lavoro en italien. Cette distinction, qui récompense les citoyens "qui se sont rendus singulièrement méritoires" "dans l'agriculture, l'industrie, le commerce, l'artisanat, le crédit et les assurances", lui est décernée par le président de la République de l'époque, Giovanni Leone, le 2 juin 1977. Le cavalier est en selle.
L'extension de l'empire de Silvio Berlusconi se poursuit dans les années 1980, avec l'essor de la télévision par câble, dont il est l'un des champions. Puis vient le temps de la politique avec, en janvier 1994, le lancement de son propre parti, Forza Italia. Dans un pays où les dirigeants héritent bien souvent de surnoms, celui d'"Il Cavaliere" est tout trouvé pour qualifier celui qui devient président du Conseil pour la première fois en mai 1994. Son sens est aussi politique : au début des années 1990, l'Italie est le théâtre d'une opération judiciaire d'ampleur, Mani pulite ("Mains propres"), visant des dirigeants italiens soupçonnés de corruption. La figure du chevalier apparaît idoine pour tourner la page de ce scandale.
Un titre jamais perdu
Les années passent, Silvio Berlusconi demeure une figure incontournable de la politique italienne, et le surnom reste. Plus que ses autres sobriquets, comme "le Caïman" ou "Sua Emittenza", un jeu de mots entre "éminence" et "émetteur", "Il Cavaliere" représente parfaitement celui qui s'accroche au pouvoir comme le cavalier à sa monture. Mais le tournant des années 2010 vient percuter la trajectoire du Milanais, de plus en plus inquiété par la justice. L'affaire du Rubygate, qui éclate en 2009, lui vaut une condamnation en 2013 pour incitation à la prostitution de mineure et abus de pouvoir, condamnation annulée deux ans plus tard. En 2013, Silvio Berlusconi est également définitivement condamné pour fraude fiscale. Il décide en mars 2014 d'abandonner le titre qu'il avait reçu en 1977 et de quitter l'ordre du mérite et du travail.
Est-ce pour autant la fin de partie pour "Il Cavaliere" ? Pas vraiment. Comme le notent plusieurs médias italiens à l'époque, cette distinction honorifique ne peut être retirée que par le président de la République. A l'époque, Giorgio Napolitano choisit de maintenir le titre de l'insubmersible Milanais. Ce dernier aura marqué la politique italienne jusqu'au début des années 2020, affublé d'un surnom qui ne l'a jamais quitté.
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