Biélorussie, seul pays européen à infliger la peine de mort et de quelle façon !
En Biélorussie, la peine est fixée par un juge et deux jurés, elle doit être confirmée par la Cour suprême du pays et par le président avant d'être exécutée. Il arrive que tombent des sentences de mort pour faits de terrorisme, entre autres. Pas forcément avérés, mais c'est un autre problème...
Là où les choses se corsent, c'est dans l'application de cette peine de mort. Car, une partie de la peine réside dans le fait qu'elle n'a pas d'échéance précise. Une fois l'appel à la grâce présidentielle rejeté, le condamné est informé, souvent dans le même temps, du rejet de son appel et de son exécution immédiate. Il est alors agenouillé et abattu d'une balle dans la nuque.
Plus violent encore, tout comme le condamné, la famille, les proches et ses avocats ne sont pas informés de cette exécution. C'est en venant rendre visite au détenu que certains découvrent qu'«il est parti conformément à sa condamnation». Et au cas où le châtiment ne suffirait pas, le corps n'est pas rendu à la famille et son lieu d'inhumation est tenu secret, comme en atteste la vidéo ci-dessous.
Ainsi Sviatlana Zhuk, mère d'Andrei Zhuk, exécuté en mars 2010, déclare à Amnesty International : «Vous souffrez parce que vous ne savez pas où se trouve la tombe de votre fils, vous ne pouvez pas vous recueillir dessus lorsque vous avez des congés, ni à l’occasion de sa date d’anniversaire, ni à celle de sa mort… vous n’avez nulle part où aller.»
Les arguments en faveur de ces méthodes datent de l'ère soviétique. L'absence de date préviendrait tout rassemblement pour empêcher l'exécution. L'absence de tombe éviterait la création d'un lieu de culte.
Il n'empêche que ce silence sur la date et l'heure de leur mise à mort rajoute au traumatisme des prisonniers, qui ne peuvent se préparer psychologiquement à ce qui les attend. Les familles étant dans le même état d'angoisse et de souffrance que les prisonniers. Le comité des droits de l'Homme des Nations Unies assimile cette façon de faire à une forme de torture.
«En refusant d'accorder sa grâce, Loukachenko montre à l'Europe à quel point il n'a que faire des appels des Européens à l'humanisme, que faire de leurs valeurs de leurs menaces et de leurs exhortations», commente Alexandre Chtcherbak sur le site de la radio du groupe russe Kommersant, selon Courrier international.
Sauf qu'après les événements russo-ukrainiens, les Biélorusses se verraient bien intégrer l'Union européenne, sans toutefois rompre avec la Russie. Mais le ministre des Affaires étrangères biélorusse,Vladimir Mackay, ne manque pas d'humour, voire de cynisme, quand il déclare : «Nous ne foncerons pas tête baissée en UE. Nous voulons avant tout construire des relations commerciales, économiques, mais aussi humaines, contribuer à assurer la sécurité en Europe, et progressivement les citoyens ressentiront le besoin de faire entrer la Biélorussie en UE. Pour cela, l’UE doit également prendre soin de son image auprès du peuple biélorusse.»
Cette volonté nouvelle de rapprochement avec l'Union européenne va peut être enfin fournir le levier dont avaient besoin les organisations des droits de l'Homme pour tenter de modifier cette «exécution surprise» avec disparition totale à la clef.
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