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Commémoration d'Utoya en Norvège: Anders Breivik refait parler de lui
Le gouvernement norvégien commémore l'attentat de l'île d'Utoya en ouvrant les portes d'une exposition sur Anders Breivik. Le tueur à l'idéologie xénophobe et islamophobe a marqué les esprits.
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Il y a quatre ans, jour pour jour, Anders Behring Breivik assassinait froidement 77 personnes sur l'île d'Utoya en Norvège. Une exposition ouvre le jour de la date anniversaire de l'événement dans le complexe gouvernemental d'Oslo, la capitale norvégienne, pour commémorer cet attentat. Celle-ci présentera au public les souvenirs de cette journée, notamment le faux uniforme de policier que portait l'ultranationaliste le jour de la tuerie, mais aussi sa fausse carte d'identité, des débris de la voiture piégée. Cette exposition surprenante a été organisée par le gouvernement norvégien lui-même et fait polémique.
Les organisateurs ont expliqué vouloir montrer les preuves accablant Breivik, telles qu'elles ont été présentées au procès. Les familles des victimes décrient cette exposition. Un des avocats des parties civiles au procès John Christian Elden s'est indigné sur Twitter: «Un musée Breivik dans le complexe gouvernemental ? Non merci. Envoyez ces objets au musée criminel de Trondheim à la place.» Un militant des Verts norvégiens a, lui, parlé du risque que «ce "centre d'information" devienne un lieu de pèlerinage pour l'extrême droite».
Le 22 juillet 2011, une bombe dans une voiture piégée explose dans le quartier des ministères à Oslo. L'attentat vise une ex-Première ministre, personnalité du Parti du travail, et fait huit morts. Alors que toute l'attention des policiers et des médias se portent sur cette attaque, une heure et demie plus tard, Anders Breivik se trouve sur l'île d'Utoya, déguisé en policier. Ce jour-là, avait lieu un rassemblement des membres de la Ligue des jeunes travaillistes, auxquels l'ancienne ministre avait rendu visite un peu plus tôt. Alors qu'il tire froidement sur tout le monde, il parvient à tuer 69 personnes. Dans ce pays où le taux de criminalité est très faible, cet attentat a eu un retentissement important.
Responsable pénalement
«J'ai fini maintenant», a-t-il déclaré aux policiers au moment de son arrestation. Cette phrase glaçante est représentative d'un personnage froid et sûr de lui. Le procès du militant d'extrême-droite a eu lieu moins d'un an après, en avril 2012, et a duré trois mois. Rythmé de rebondissements, il a été décrit comme l'un des plus importants procès de l'histoire.
Début du procès: Anders Behring Breivik fait son entrée le poing levé, provoquant l'assistance. Plus tard, il verse quelques larmes d'émotion devant la projection d'un film anti-islam qu'il a lui-même réalisé. Le deuxième jour du procès, Breivik veut s'expliquer et lit pendant plus d'une heure un document qu'il a lui-même rédigé, dans lequel il explique vouloir «protéger les Norvégiens de souche» contre «l'invasion musulmane». Il ne montre aucun remords et déclare: «Je le referais.»
Le tribunal a requis l'internement en hôpital psychiatrique à vie pour Anders Breivik, ayant des doutes sur sa santé mentale. Deux études psychiatriques s'opposent, l'une assure qu'il est atteint de schizophrénie paranoïaque alors que l'autre affirme qu'il était en pleine possession de ses moyens. Le tueur, lui, ne veut pas être déclaré irresponsable pénalement. Pour lui, seuls l'acquittement ou la peine de mort lui paraissent «acceptables». Le 24 août 2012, le verdict tombe: Anders Behring Breivik est condamné à 21 ans de prison pour «homicides volontaires» et «actes de terrorisme», la peine maximale en Norvège. La justice pourra néanmoins la prolonger lorsque celle-ci prendra fin s'il reste considéré comme dangereux.
En attendant, Anders Breivik a récemment à nouveau fait parler de lui. Il vient de s'inscrire à l'université d'Oslo pour des études de sciences politiques. S'il va pouvoir étudier de sa cellule, en isolement, il ne pourra pas avoir son diplôme. Certaines matières du cursus exigent de se rendre à des séminaires mais il n'est pas autorisé à sortir de prison. Il avait déjà postulé en 2013 mais n'ayant pas le niveau scolaire requis, il avait été écarté. Il s'est depuis remis à niveau.
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