Erdogan appelle les Turcs d'Allemagne à voter contre Merkel, qui l'accuse d'"ingérence"

Recep Tayyip Erdogan veut nuire à Angela Merkel dans les urnes. Le président turc a exhorté les Turcs d'Allemagne, vendredi 18 août, à ne voter pas voter pour les chrétiens-démocrates de la CDU, le parti de la chancelière allemande, aux élections législatives de septembre. Un appel qui concerne l'autre parti de la coalition au pouvoir, les sociaux-démocrates du SPD, ainsi que les Verts. Angela Merkel a répliqué en dénonçant une "ingérence".

Erdogan ne soutient explicitement aucun parti

"Je le dis à tous mes compatriotes d'Allemagne: (...) ne soutenez pas les chrétiens-démocrates, le SPD ou les Verts. Ce sont tous des ennemis de la Turquie", a déclaré le chef de l'Etat turc à la presse. Il a appelé à "donner une leçon" à des partis qu'il jugent "irrespectueux envers la Turquie".

S'il a désavoué les deux principales formations politiques d'Allemagne, la CDU et le SPD, Recep Tayyip Erdogan n'a pas apporté son soutien à un autre parti allemand. "Apportez le soutien nécessaire à ceux qui ne font pas preuve d'hostilité à l'encontre de la Turquie. Peu importe que ce soit le premier ou le second parti, votez pour eux", a-t-il déclaré.

Ses déclarations lui ont valu une réponse cinglante de Berlin. "Nous ne tolérons aucun type d'ingérence", a lancé la chancelière Merkel, citée par son porte-parole. "Nous attendons des gouvernements étrangers qu'ils ne s'immiscent pas dans nos affaires intérieures", avait auparavant twitté ce porte-parole.

1,2 millions de Turcs votent en Allemagne

"Cette ingérence d'Erdogan dans la campagne électorale montre qu'il veut monter les gens les uns contre les autres en Allemagne", a estimé le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel. De son côté, le candidat social-démocrate à la chancellerie, Martin Schulz, a estimé que le président turc avait "perdu toute mesure".

La diaspora turque en Allemagne, forte de trois millions de personnes, est la plus importante dans le monde et près de 1,2 million de Turcs disposent également de la nationalité allemande, ce qui leur permettra de voter lors des élections législatives du 24 septembre.

Les relations entre la Turquie et l'Allemagne sont particulièrement tendues depuis le putsch manqué contre Recep Tayyip Erdogan le 15 juillet 2016. Le pouvoir turc accuse Berlin d'indulgence envers des "terroristes" en abritant des séparatistes kurdes et des putschistes présumés. L'Allemagne a condamné l'ampleur des purges entreprises par Ankara.