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Felipe VI, VRP de la monarchie espagnole en visite en France

Le roi d'Espagne a choisi la France pour son premier voyage diplomatique, qui débute mardi. Le nouveau monarque a pour tâche de faire oublier les scandales qui ont récemment frappé la couronne espagnole.

Article rédigé par Geoffroy Lang
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Pour son premier discours télévisé le 26 décembre 2014, le roi Felipe VI s'est adressé aux Espagnols dans un cadre très simple. (REUTERS)

Le nouveau visage de la couronne espagnole est encore peu connu au nord des Pyrénées. Pour la première fois de son jeune règne, Felipe VI entame un voyage diplomatique en France à partir du mardi 24 mars. A 47 ans, le roi d’Espagne veut incarner une monarchie moderne, à l'écoute de son pays.

Après un dîner au palais de l'Elysée mardi, le souverain a été invité à prononcer un discours devant l'Assemblée nationale mercredi. Il rencontrera dans la foulée le Premier ministre, Manuel Valls, mais aussi la maire de Paris, Anne Hidalgo. En compagnie de cette dernière, Felipe VI participera à l'inauguration du Jardin des combattants de la Nueve, près de l'Hôtel de ville, en hommage au bataillon de soldats espagnols ayant participé à la libération de Paris aux côtés du général Leclerc en 1944.

Objectif : faire oublier les casseroles familiales

Le monarque a hérité de la couronne dans un contexte particulièrement difficile. La réputation de la famille royale a été entachée par une affaire de détournement de fonds impliquant l’infante Cristina et son mari, l’ancien handballeur international Iñaki Urdangarin. Le charismatique roi Juan Carlos a quant à lui vu sa popularité brusquement chuter après avoir été épinglé par la presse pour son train de vie luxueux et sa participation à des parties de chasse en Afrique.

Après l'annonce de l'abdication de Juan Carlos, le prince Felipe devient roi le 19 juin 2014. Pour tenter de redorer le blason de la monarchie, il décide de réduire de 20% la pension qui lui est allouée par l'Etat espagnol, mais aussi de limiter le budget dédié aux frais protocolaires et aux déplacements de la maison royale.

Omerta royale

Son action pour afficher plus de transparence et réduire le train de vie de la maison royale a été saluée par la classe politique espagnole. Mais, en dépit de son discours anticorruption, le roi d’Espagne reste muet sur le scandale dans lequel est impliquée sa sœur Cristina. Celle-ci est poursuivie, au côté de son mari, dans une affaire portant sur des malversations d'une société à but non-lucratif, Noos, présidée par Iñaki Urdangarin. Il est suspecté d'avoir détourné via cet institut, avec un ancien associé, 6,1 millions d'euros d'argent public.

Après la mise en examen de l’infante le 22 décembre dernier, une prise de position de Felipe VI était attendue à l'occasion de sa première allocution télévisée, quatre jours plus tard. Mais le roi n'a pas évoqué le sujet. Sous un vernis de modernité, Felipe VI paraît aussi taiseux que son père à propos du scandale qui embarrasse la couronne espagnole depuis 2010.

Un monarque démocrate

Malgré sa nature très réservée, voire secrète, le seul fils de Juan Carlos n’a jamais caché son intention de monter sur le trône d’Espagne. En 2011, lorsqu’une jeune femme lui demande la tenue d'un référendum sur l’instauration de la République, le prince héritier lui répond sans ambages devant les caméras : "Je ne peux pas vous demander d'oublier vos désirs, mais simplement, ils sont contradictoires avec les miens. Je souhaite accomplir mon devoir, ce que j'ai appris à faire le mieux possible et dans le respect de la Constitution."

"Don Felipe" a grandi dans le respect de la fonction monarchique et de la démocratie. Le 22 février 1981, il a 13 ans lorsque des officiers nostalgiques du franquisme tentent de renverser la jeune démocratie espagnole. Il passe la nuit dans les bureaux de son père quand ce dernier fait avorter le putsch.

Le gendre idéal

Bien que la démocratie espagnole soit désormais bien installée, Felipe doit faire face à de nouveaux défis. Tout en affirmant la nature indivisible de l’Etat-nation espagnol, il tend la main aux indépendantistes catalans lors de son premier discours télévisé, à la veille des fêtes de Noël 2014. En bon prince, il a d’ailleurs pris soin d’apprendre le catalan, en plus de l’anglais et du français.

Premier monarque espagnol à être diplômé de l’enseignement supérieur, Felipe est aussi un sportif invétéré. Après avoir été vainqueur du championnat et de la coupe d’Espagne de voile en 1989 et 1994, il est désigné comme porte-drapeau de la délégation espagnole pour les Jeux olympiques de Barcelone en 1992.

Seule "excentricité" de ce gendre idéal, son mariage avec l’ancienne journaliste Letizia Ortiz en 2004. Après avoir quitté un top-model norvégien sous la pression familiale, Felipe déroge à son rang en épousant une roturière, ouvertement républicaine. La mère des infantes Leonor et Sofia sera présente aux côtés de son mari sur le tapis rouge de l'Elysée mardi soir.

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