L'Islande connaît une éruption "qui pourrait être la plus grosse connue depuis 2021", estime un volcanologue

Une éruption volcanique a débuté lundi dans le sud-ouest du pays, près de la capitale, Reykjavik.
Article rédigé par franceinfo
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Une éruption volcanique au nord de la ville de Grindavik, en Islande, le 18 décembre 2023. (AFP)

L'éruption actuelle en Islande "n'est pas de nature touristique", car "ce pourrait être la plus grosse connue sur l'île depuis 2021", analyse Patrick Allard, volcanologue à l'Institut de physique du globe de Paris ce mardi sur franceinfo. L'Islande est en proie à une nouvelle éruption volcanique depuis lundi soir près du village de Grindavik, au sud de la capitale Reykjavik. Les images montrent une muraille de feu longue de près de trois kilomètres.

franceinfo : À quoi correspond ce mur de feu ?

Patrick Allard : C'est le jaillissement du magma à travers les fractures qui se sont ouvertes dans la nuit de lundi à mardi, qui font presque quatre kilomètres de long. Ce magma qui s'était mis en place depuis le 10 novembre, s'était accumulé sans faire trop de bruit ces dernières semaines. On croyait même que, peut-être, l'éruption n'aurait pas lieu, alors qu'on la croyait imminente début novembre. Ça s'est finalement déclenché avec peu de signes précurseurs lundi soir.

"On a cette muraille de feu, ce qu'on appelle des fontaines de lave, c'est-à-dire du magma qui jaillit et qui se répand de chaque côté de la fracture."

Patrick Allard, volcanologue

à franceinfo

Cette faille peut s'agrandir ? Est-ce que c'est dangereux ?

Alors c'est ça le problème. Pour l'instant, la zone d'intrusion de magma, c'est-à-dire de mise en place du magma depuis début novembre, fait quinze kilomètres de long. La tête de l'intrusion était plus vers le nord. C'est là que l'éruption s'est déclenchée hier soir. Le problème, c'est que les fractures se sont propagées vers le sud dans la nuit et maintenant la tête la plus au sud des fractures se situe à trois kilomètres de la ville portuaire de Grindavik, une ville déjà évacuée en novembre et tout près surtout de la centrale géothermique de Svarstengi, qui est importante pour à la fois pour le chauffage et la production d'électricité pour Grindavik et Reykjavik.

Est-ce que vous savez ce qu'on peut ressentir quand on est sur place ? Est-ce que ça sent quelque chose par exemple ?

Toute éruption émet énormément de gaz magmatiques : de la vapeur d'eau, du CO2, mais aussi beaucoup de dioxyde de soufre, de l'acide chlorhydrique, de l'acide fluorhydrique... Ce sont des gaz toxiques. Ça sent bien sûr. Ce n'est pas une éruption touristique. Les trois premières éruptions depuis 2021, on pouvait s'approcher d'assez près. Ce n'était pas très violent. Là, c'est de plus grande ampleur.

C'est le signe d'une reprise de l'activité volcanique en Islande qui pourrait durer ?

C'est une zone active. C'est la zone de séparation des plaques américaines et eurasiennes. Cette zone avait été inactive pendant 800 ans. On est entré dans un nouveau cycle d'activité éruptive et sismique de cette zone en 2021 avec déjà trois éruptions. Celle-ci pourrait être la plus grosse depuis le début de cette séquence.

Et a-t-on une idée du temps que pourrait durer cette éruption ?

Non, on n'a pas d'idée, mais c'est en général proportionnel à la quantité de magma accumulé dans le sous-sol, entre trois et cinq kilomètres de profondeur à peine. C'est aussi proportionnel à l'énergie disponible que ce magma dispose, c'est-à-dire la quantité de gaz qu'il contient. Enfin, c'est aussi proportionnel à l'ouverture des fractures. L'éruption de 2021 avait duré deux mois. Celle-ci pourrait durer plus.

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