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La carte postale, «média» de masse de la Grande Guerre
Publié le 02/10/2014 11:56
Mis à jour le 02/10/2014 12:09
Temps de lecture : 1min
Le collectionneur Pierre Brouland et le spécialiste de la caricature Guillaume Doizy ont réuni dans l’ouvrage «La grande Guerre des cartes postales» plus de 350 documents pour la plupart inédits datant de la Première guerre mondiale. Paru en octobre 2013, ce livre nous offre, à travers l’étude historique et sociologique de la carte postale, un regard neuf sur ce conflit.
Entre 1914 et 1918, ce sont des centaines de millions de cartes qui circulent à travers l’Europe. Qu’elles soient des reproductions de photographies ou des illustrations, des dessins satiriques ou des images de propagande, elles reflètent de façon populaire ce conflit.
Bon marché et facile à produire, la carte postale est largement diffusée : 80.000 cartes postales (avec un tirage moyen de 100.000 exemplaires par carte) seront imprimées rien qu’en France.
Plus rapide que la lettre et plus accessible que le téléphone ou le télégraphe, la carte postale est déjà très populaire en 1914 auprès du grand public. Par ailleurs, les autorités militaires en distribuent gratuitement aux soldats. Comme elles sont dispensées d’affranchissement, elles leur permettent ainsi de communiquer plus facilement entre l’arrière et le front mais aussi avec leurs familles.
Comme l’explique Guillaume Doizy, la carte postale «c’est un peu le SMS de l’époque» .
15 images illustrent ce propos.
«Ce genre de cartes, très courant au début de la guerre, fut interdit par la censure à partir de 1915» (carte postale éditée à Paris. Signature de l’auteur illisible, Lesbonit ?). (Caricadoc.com)
«La plupart des expéditeurs rédigent leurs messages sans références aux illustrations des cartes. Ici au recto de cette carte postale fantaisie, exception notable, l’image a joué un grand rôle dans le choix de la carte au point d’encourager l’acheteur à l’enrichir d’un petit message personnel à destination de son correspondant» (carte postale française). (Caricadoc.com)
«Hindenburg, chef du grand état-major de l'Armée impériale allemande assisté du chef d’état major de l’armée austro-hongroise, Conrad von Hötzendorf met en échec les commandants des armées ennemies. On reconnaît le grand-duc Nicolas, cousin du tsar, le général Joffre, le maréchal French et le roi Pierre 1er de Serbie» (carte postale autrichienne de Th. Zasche, 1915). (Caricadoc.com)
«Joffre (officier général français pendant la Première guerre mondiale, nommé maréchal de France en 1916) et Castelnau (général français, commandant d'armée et chef d'état-major du général Joffre durant la Première guerre mondiale), dotés d’importantes réserves en hommes, face à un kaiser dépassé. En réalité, en dépit de pertes très élevées, les offensives lancées par Joffre n’ont permis que des gains territoriaux limitées et n’ont pas ébranlé l’armée allemande» (carte postale française de Gilbert Gauthier, 1915). ( Caricadoc.com)
«La guerre avec son lot de séparations, de souffrances, de morts et d’angoisses entraîne un regain de religiosité qui se reflète dans de nombreuses cartes» (carte postale française, 1916/Dix, Piprot). (Caricadoc.com)
«La prière du guerrier blessé : ton offrande sanglante ne sera jamais oubliée. Elle aide à la paix et est une source de vie» (photomontage allemand, 1914). (Caricadoc.com)
«La figure de l’Allemand voleur de pendule émerge mais de manière furtive lors de l’occupation de 1815 suite à Waterloo et à la seconde abdication de Napoléon. La guerre de 1870-71 généralise et popularise ce thème aussi bien dans l’iconographie que dans la littérature. Sur cette carte, un officier qui porte bien sûr un monocle et une cravache supervise le pillage d’une localité quelque part en France ou en Belgique devant un paysage de ruines incendiés dans lequel on perçoit une famille éplorée» (carte postale française/La Revanche). (Caricadoc.com)
«Le pain de guerre allemand Kriegskartoffelbrot (pain de guerre plutôt indigeste qui comprenait presque un tiers de fécule de pommes de terre ainsi que de la paille hachée) appelée en français Pain KK donne lieu à d’innombrables plaisanteries et représentations scatologiques» (carte postale française à système, signature illisible). ( Caricadoc.com)
«Les gueux – Les soldats alliés vus par l’Allemagne.» Tout au long de la guerre, la propagande allemande défend l’idée de l’invincibilité des armées du Reich» (carte postale allemande, 1914). ( Caricadoc.com)
«Quand la guerre éclate, les cartes cherchent à faire rire aux dépens de l’ennemi tout en surfant sur le sentiment de supériorité largement répandu dans l’opinion allemande. Qu’il s’agisse de fustiger le Russe, l’Anglais ou le Français, les stéréotypes sont largement utilisés. Ici, le moujik alcoolique, incapable de tenir un fusil» (carte postale allemande). (Caricadoc.com)
«Pendant la guerre, Guillaume II (troisième et dernier empereur allemand et neuvième et dernier roi de Prusse) était commandant en chef des armées. De nombreux dessins s’amusent en présentant Guillaume II interné ou pris de crise de démence» (carte postale anglaise de Donald Mac Gill (1875-1962), 1915/Inter-Art Co.éditeur). (Caricadoc.com)
«Les cartes visant les dirigeants de L’Entente y sont nettement moins nombreuses et surtout bien moins virulentes. Au lieu de dénigrer à tout prix l’adversaire, la propagande allemande, mieux structurée que son équivalant français qui tarde à se mettre en place, cherche davantage à tourner en dérision les dirigeants des pays qu’elle combat» (carte postale allemande, 1914). (Caricadoc.com)
«La tranchée produit rapidement ses règles, ses rituels, ses rythmes, et bien sûr son langage» (carte postale signée Ch-Léo, 1916/GMT). ( Caricadoc.com )
«Les femmes tiennent une place importante dans l’illustration des cartes postales publiées durant la guerre. Il s’agit de rappeler aux combattants qu’ils luttent pour leur famille. Mais au-delà de ce message patriotique, ces images manifestent la volonté de maintenir des liens familiaux en dépit de la guerre» (carte postale française, photomontage de Boulanger/Gloria). (Caricadoc.com )
«Comme pour les femmes, les enfants jouent aussi un rôle considérable dans l’illustration des cartes. La jeunesse intéresse la propagande de l’époque avec des journaux comme ‘’l’Epatant’’ et la ‘’Semaine de Suzette’’ en France ou ‘’Hurrah !’’ en Allemagne» (carte postale française, photomontage/Mug). (Caricadoc.com)
(Editeur : HUGO IMAGE)
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