Cet article date de plus de cinq ans.

Crise sur le Brexit : "Je ne crois pas que Theresa May puisse se permettre de démissionner"

Invité de franceinfo vendredi, le spécialiste des questions européennes et de la Grande-Bretagne Christian Lequesne, estime que la Première ministre britannique Theresa May peut encore se maintenir au pouvoir malgré les quatre démissions de ministres dans son gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Theresa May, au 10 Downing Street, à Londres, le 15 novembre 2018. (MATT DUNHAM / POOL)

Selon le spécialiste des questions européennes et de la Grande-Bretagne Christian Lequesne, invité de franceinfo vendredi 16 novembre, la Première ministre britannique Theresa May peut encore se maintenir au pouvoir malgré les quatre démissions de ministres dans son gouvernement, opposés à l'accord qu'elle a négocié avec l'Union européenne sur le Brexit. Mais sa marge de manœuvre est étroite, estime le professeur à Science Po, dans un contexte où les divisions du parti conservateur sur la question du Brexit sont peut-être allées "trop loin pour que ce vieux parti puisse faire bloc".

Theresa May peut-elle rester en poste malgré toutes ces démissions dans son cabinet ?

Oui bien sûr, elle peut rester en poste. Simplement sa légitimité est fragile, mais compte tenu des enjeux de la négociation avec les 27 sur le Brexit, je ne crois pas que Theresa May puisse se permettre de démissionner comme ça sauf si bien sûr si elle est contrainte par sa propre majorité à s'en aller, suite à une motion de défiance.

Theresa May a rappelé son opposition à un second référendum sur la question du Brexit, mais est-ce encore une possibilité ?

Du côté de Theresa May, il y a un refus complet d'organiser ce deuxième référendum, mais ce qui est intéressant, c'est l'évolution de Jérémy Corbyn, le chef de file des travaillistes. Au sein de son parti, beaucoup de gens étaient pour, mais lui était contre. Or, il semble qu'il a bougé sur cette question, d'après sa déclaration d'hier, sur l'organisation possible de ce deuxième référendum.

Si le parlement britannique ne vote pas l'accord sur le Brexit, il se passerait quoi le 29 mars prochain, date butoir pour la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union Européenne ?

Il se passerait que tout devrait être renégocié pour assurer le quotidien entre les Etats membres individuellement de l'Union européenne et la Grande-Bretagne, et on serait dans une situation très compliquée, puisqu'il faudrait un accord pour faire fonctionner l’Eurostar, il faudrait un accord pour que les ferrys puissent opérer entre l'Angleterre et la Belgique ou les Pays-Bas, et tout ça prendrait un temps fou, ça ne peut pas être fait du jour au lendemain. Donc on serait dans une situation très chaotique pendant vraisemblablement des mois, voire des années.

L'accord sur le Brexit est-il en train de faire exploser la classe politique britannique ?

Je n'irai pas jusque-là, mais ce qui est certain, c'est que le parti conservateur de Theresa May, qui depuis le 19e siècle a montré qu'il pouvait avoir des différences en interne mais qu'il était toujours capable de retrouver de l'unité quand il s'agissait de garder le pouvoir, là peut-être que ça ne sera pas le cas. Les divisions sur le Brexit sont allées trop loin pour ce que vieux parti conservateur puisse faire bloc. On est dans situation extrêmement conflictuelle à l'intérieur de ce parti.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.