"Dans deux ans, qui sait ?" Quand le flou du Brexit pousse des Britanniques à la naturalisation française
Un an après le référendum qui a vu une majorité de Britanniques opter pour le Brexit, des citoyens du Royaume-Uni envisagent une demande de naturalisation en France. Reportage de franceinfo en Charente pour cerner leurs motivations.
Depuis le principe du Brexit choisi le 23 juin 2016, peu de Britanniques résidant en France sont passés à l'acte de la naturalisation. L'an passé, 1 363 citoyens ont déposé un dossier complet, selon le ministère français de l’Intérieur, alors qu'ils sont plus de 300 000 à vivre en France. Mais la hausse est impressionnante : un bond de 254% par rapport à 2015. Reportage près d’Angoulême, auprès de deux Écossaises motivées.
Liens historiques et attaches familiales
Entre la Charente et la Dordogne, Kate Douglas, Écossaise de Glasgow, a passé plus de 26 ans à réhabiliter, pierre après pierre, un petit trésor médiéval. Niché dans les collines, le prieuré de Rauzé, à Combiers, datant du XIIe siècle, occupe son temps et ses pensées. "La première fois que nous sommes venus au début des années 1980, le taureau était attaché à l’intérieur", aime-t-elle raconter. Cette ancienne enseignante de 67 ans connaît la France depuis l’enfance. Sa grand-mère a passé la Première Guerre mondiale dans l'Hexagone. C'est ici que son aïeule est tombée amoureuse. Pour Kate, il n'est pas question de prendre le risque de devoir quitter son petit paradis. "Les attaches pour la France, c’est le côté Ecosse et Vieille Alliance", dit-elle, rappelant les liens de trois siècles entre les deux royaumes. "Pour les racines familiales, c’est la même chose."
Ici, j’ai pu réaliser le rêve de ma vie, rêve commencé par ma grand-mère.
Kate Douglas, Écossaise vivant en Charente
Kate n’a pas encore déposé de dossier de naturalisation, mais sa décision est prise.
L'inquiétude du futur proche
Écossaise également, Alison Turiff, est plus avancée dans sa réflexion puisqu'elle a lancé les démarches. Ce qui impose, dit-elle, de rassembler de nombreux documents administratifs. Âgée de 59 ans, l'amie de Kate vit en France depuis huit ans. Alison pense à la naturalisation depuis son élection comme conseillère municipale en 2014. Mais c'est bien le résultat du référendum qui lui a fait franchir le pas. Le flou britannique, depuis le Brexit, ne lui convient pas.
Nous avons le droit maintenant de rester ici, d’habiter ici, de travailler ici, mais dans deux ans, qui sait ?
Alison Turiff, candidate à la naturalisation française
Alison veut rester en Europe. Mais son histoire avec la France va au-delà de la politique. "C’est ma vie ici. On est engagé avec la France où on ne l'est pas."
Les données chiffrées de 2017 sur le nombre de Britanniques voulant devenir français, seront intéressantes à suivre. Mais l'inverse tout autant, puisque de l’autre côté de la Manche, les demandes d’acquisition de la nationalité britannique augmentent aussi et ce sont les Français qui sont les plus demandeurs…
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