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Normandie : à un an du Brexit, la drôle offensive de charme de la région pour attirer les Anglais

En mars, la région Normandie a lancé une offensive publicitaire à destination de ses  voisins d'outre-Manche pour attirer les entrepreneurs anglais dans le cadre du Brexit. Réfusée à Londres, la publicité a fait le buzz.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Photo du bus de la campagne "Normandy Times" à Bristol, le 19 mars, publiée par l’Agence de développement pour la Normandie.  (CAPTURE D'ÉCRAN TWITTER)

Le 29 mars 2019, dans un an jour pour jour, c'est le Brexit : le Royaume-Uni sortira officiellement de l'Union européenne. Pour rester dans le marché commun européen, de plus en plus d'entreprises envisagent de se relocaliser. En France, une région compte bien en tirer profit : la Normandie

Elle a lancé une campagne publicitaire Outre-Manche, avec tournée en bus, dans cinq grandes villes anglaises : Londres (sud-est), Birmingham (centre), Manchester (nord), Bristol (sud-ouest) et Cambridge (sud). Son objectif est de faire venir les chefs d'entreprises britanniques en leur évitant les habituels tracas administratifs.

Normandie : cette publicité qui choque volontairement les Anglais pour les attirer dans la région - un reportage de Sandrine Etoa-Andègue

Avec son slogan, "Hot Entrepreneur Wanted !" ("cherche entrepreneur sexy", en français), la campagne de promotion lancée par l'agence de développement de Normandie (ADN) n'est pas passée inaperçue Outre-Manche. C'était bien l'objectif de son directeur Alexandre Wahl : "On reprend le principe des petites annonces de charme, comme les petites annonces de Libé à une époque... Là, on reprend ça, sauf que c'est sur deux-tiers de page et c'est pour la Normandie."

Buzz international

L’audace des communicants n’a pas été du goût de la société des transports de Londres : celle-ci s’est opposée, à deux reprises, à l’affichage dans le métro. Le résultat a été un buzz inespéré de la campagne dans la presse internationale et notamment britannique. Les journaux The Guardian, The Economist, The Times, Metro ou encore The Evening Standard en ont parlé. 

Pour nous, l'important est de sortir un peu de l'image fromagère de la Normandie –camembert, pont-l'évêque, les falaises d'Étretat, les pommes, les vaches– et assumer le côté extrêmement pro-business.

Alexandre Wahl, directeur de l'Agence de développement de Normandie

à franceinfo

Une petite annonce fictive imaginée par l'agence de développement de Normandie en mars 2018. (REGION NORMANDIE)

Car au-delà de cette petite annonce provocatrice, la région normande s'apprête bien à créer une zone économique spéciale pour accueillir les futurs chefs d’entreprises étrangers, notamment les Britanniques. C'est une première en France.

Exonérations fiscales et prêts à taux zéro

Parmi les avantages proposés à ces expatriés, il y aura de "très importantes" exonérations fiscales sur les taxes locales, précise Alexandre Wahl qui a pris sa calculatrice : "Sur cinq ans, une entreprise industrielle qui va s'implanter pourra économiser en tout 1,7 million d'euros", assure-t-il. Si, pour s'implanter en Normandie, cette entreprise doit investir 10 millions d'euros, "on pourra aller jusqu'à 50% de prêt à taux zéro pour prendre en charge les investissements", poursuit le directeur de l'agence.

Au-delà de l'aspect financier, l'accent est mis sur l'accueil des familles des nouveaux arrivants : "Scolarité des enfants, logement de la famille, recherche d'emploi pour le conjoint", énumère Alexandre Wahl.

L'atout géographique

L’autre atout de la région est la proximité géographique. C’est ce qui a convaincu David, un jeune londonien, de poser ses valises à Bretteville-sur-Odon, tout près de Caen (Calvados), il y a un an et demi. Il a créé la distillerie "C'est nous" avec sa compagne Julie, une Normande. Chaque mois, ils produisent 400 bouteilles de gin artisanal, auquel ils ajoutent une touche de pommes du Calvados. 

On peut facilement prendre un bateau ou un avion pour Londres ou Portsmouth.

David, un Anglais installé dans le Calvados

à franceinfo

"Il y a beaucoup de touristes anglais ici, poursuit David. Le gin est une boisson très appréciée. Le fait de travailler l’été, avec beaucoup de cavistes et de bars de la côte, nous offre une belle visibilité.

À ce jour, une vingtaine de chefs d’entreprise britanniques ont manifesté leur intérêt, si l'on en croit le président du conseil régional de Normandie. Plus de 900 ans après Guillaume Le Conquérant, Hervé Morin entend écrire une nouvelle page d’Histoire entre la Normandie et l’Angleterre : "Les Normands sont le seul peuple à avoir conquis l'Angleterre dans l'histoire de l'humanité", rappelle-t-il avant de s'essayer à un mot de bienvenue en anglais : "Welcome sir, the best place to be is our region, it's Normandie !" ("Bienvenue monsieur, le meilleur endroit où vivre est notre région, la Normandie !").

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