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Royaume-Uni : cinq choses que vous ignorez peut-être sur Boris Johnson, prochain successeur de Theresa May

Il devra se présenter mercredi devant la reine qui lui confiera la responsabilité de former le gouvernement.

Article rédigé par franceinfo - Leela Badrinath
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Boris Johnson prononce un discours au lancement de sa campagne électorale pour la tête du Parti conservateur, à Londres, le 12 juin 2019. (TOLGA AKMEN / AFP)

"J'ai autant de chances de devenir Premier ministre que de me réincarner en olive"ou, variante, "que d'être décapité par un frisbee", s'est écrié par le passé Boris Johnson. Aujourd'hui, l'ancien maire de Londres est aux portes du 10 Downing Street : il a été choisi par le parti conservateur, mardi 23 juillet, pour succéder à Theresa May. De quoi se rapprocher un peu plus du destin de son idole Winston Churchill – dont il a d'ailleurs écrit une biographie. 

"BoJo", de son surnom, 55 ans, sera désigné chef du Parti conservateur et se présentera mercredi devant la reine Elizabeth II, qui lui confiera la responsabilité de former le gouvernement. Polémiste aguerri au parcours brillant et grand adepte de clowneries, le charismatique politicien à l'hirsute crinière blonde est devenu une figure incontournable du paysage politique britannique. Franceinfo vous en dit plus sur celui qui pourrait bientôt reprendre les négociations du Brexit.

1Il est issu d'une famille prestigieuse

L'héritage familial d'Alexander Boris de Pfeffel Johnson est plutôt clinquant. Son père, Stanley Johnson, est un descendant du journaliste et ministre de l'Intérieur ottoman Ali Kemal du côté de son père, et du roi George II de Grande-Bretagne par sa mère. Né à New York, Boris Johnson possède des liens de parenté avec la majeure partie des familles royales d'Europe. 

Fort de ces aïeux, Boris Johnson a revendiqué ses origines musulmanes, chrétiennes et juives, se qualifiant auprès du Guardian* comme un "melting-pot humain" lors de sa campagne de 2007 pour la mairie de Londres. 

Boris Johnson a d'autre part connu une enfance faite de déménagements avec ses deux frères et sa sœur. Ironie de l'histoire, son père fut l'un des premiers bureaucrates britanniques à être nommés à la Commission européenne après l'adhésion du Royaume-Uni à la CEE, ancêtre de l'UE, en 1973.

2Il a reçu une éducation très élitiste

Son accent posh (chic) trahit son éducation : le parcours académique de Boris Johnson est à peu près ce qui se fait de plus prestigieux au Royaume-Uni. Après avoir commencé sa scolarité à l'Ecole européenne de Bruxelles, il intègre le pensionnat d'Eton, près de Windsor, puis l'université d'Oxford.

Il y rejoint le fameux Bullingdon Club, auquel a également appartenu l'ancien Premier ministre David Cameron. Ce dining club réservé aux hommes était connu pour la richesse de ses membres – le simple prix de l'uniforme s'élevant à quelque 3 500 livres (près de 4 000 euros) – ainsi que pour leur comportement destructeur et excessif. Ils avaient en effet l'habitude de se réunir pour manger, boire et saccager les locaux qui accueillaient leurs banquets. L'intégralité des dégâts était ensuite remboursée rubis sur l'ongle.

3Il était le journaliste favori de Thatcher

En tant que jeune journaliste, Boris Johnson se soucie déjà bien peu de la véracité des faits qu'il rapporte. En 1988, il est licencié de son premier emploi au Times pour avoir inventé une citation. 

Il devient par la suite correspondant à Bruxelles pour The Daily Telegraph. Il y publie nombre d'articles cinglants à l'encontre de Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, et se fait remarquer par ses tribunes irrévérencieuses sur la machine bureaucratique européenne, en agitant par exemple la menace d'une standardisation de la taille des préservatifs. Avec ses titres tapageurs tels que "Threat to British pink sausages" ("Menace sur les saucisses anglaises roses"), il se forge une réputation de journaliste à l'humour décalé et aux propos outrageux. 

"He's my favourite journalist" ("c'est mon journaliste préféré"), aurait déclaré la Première ministre britannique de l'époque, Margaret Thatcher, selon Andrew Gimson, auteur du livre Boris: The Rise of Boris Johnson ("L'ascension de Boris Johnson") paru en 2006. Il plaisait en revanche bien moins à son successeur pro-européen, John Major, pour qui les piques de Boris Johnson envers l'UE attisaient les tensions au sein du Parti conservateur.

4Il est abonné aux gaffes et aux polémiques

Boris Johnson a depuis longtemps pris l'habitude de tenir des propos choquants. En 2002, dans une de ses tribunes pour le Daily Telegraph*, celui qui était alors député employait les termes racistes "négrillons" au sujet d'enfants noirs et "sourires de pastèque" en parlant de chefs tribaux africains. Plus récemment, il a aussi comparé les femmes en burqa à des "boîtes aux lettres"*.

En 2015, il déclarait dans une interview au Sun que les jihadistes étaient "des branleurs qui pratiquent la masturbation intensive". Une semaine auparavant, il posait allongé en costume*, un AK-47 à la main aux côtés de peshmergas dans les montagnes du Kurdistan. Il a également fait réagir en établissant un parallèle entre les desseins de l'Union européenne et ceux des nazis dans une interview au Sunday Telegraph* en mai 2016.

A plusieurs reprises, celui que les Britanniques surnomment "BoJo" s'est également retrouvé dans des situations grotesques, comme lorsqu'il a violemment plaqué au sol un enfant lors d'un match de rugby au Japon. 

5Il a remporté un concours de poèmes satiriques sur Erdogan

En 2016, le magazine The Spectator organise un concours du poème le plus insultant à l'encontre du président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, en soutien à l'humoriste allemand Jan Böhmermann. Ce dernier est poursuivi en justice à la demande du dirigeant turc pour l'avoir traité de pédophile et de zoophile dans un sketch.

Boris Johnson remporte le grand prix et 1 000 livres pour son limerick grivois dans lequel il traite Erdogan de "fantastique branleur" ("a fantastic wankerer") et de violeur de chèvres. Il sera nommé ministre des Affaires étrangères par Theresa May à peine deux mois plus tard. Comme un signe que ses provocations font tout sauf freiner son ascension. 

* Lien en anglais

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