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Les députés frondeurs du PS, rebelles jusqu'à quel point ?

La refus de plusieurs députés socialistes de voter la ratification du traité budgétaire européen fait craindre à certains un quinquennat tendu du côté de la majorité parlementaire. 

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le socialiste Henri Emmanuelli, le 25 octobre 2011 à l'Assemblée nationale. Il fait partie des 29 députés PS qui ont refusé de voter le traité budgétaire européen. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

POLITIQUE – Moins de quatre mois après leur élection ou leur réélection, les députés socialistes ont donc montré, mardi 9 octobre, qu'ils ne seraient pas des "députés godillots", fidèles et obéissants en toutes circonstances. Vingt d'entre eux ont voté contre le traité européen qu'ils étaient pourtant solennellement invités à soutenir, et neuf autres se sont abstenus. Des défections qui ont suscité la colère de leur patron, Bruno Le Roux, et qui ont évidemment fait le bonheur de celui des députés UMP, Christian Jacob, trop content de gloser sur "une majorité fissurée"

"Vu de l'extérieur, les gens ne peuvent pas comprendre pourquoi certains ont voté pour, et d'autres contre, reconnaît le député socialiste Malek Boutih (Essonne), particulièrement remonté contre les frondeurs. Ils ont voulu se donner l'image de bons députés indépendants, et nous faire passer pour les méchants députés qui soutenaient le traité Merkozy. C'est trop facile !"

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, face aux députés socialistes, le 11 juillet 2012 à l'Assemblée. (PIERRE VERDY / AFP)

"Quand on vote contre, on vote contre son camp. C'est en tout cas l'image que l'on donne", regrette aussi l'élue parisienne Annick Lepetit, porte-parole du groupe socialiste, en dénonçant le "manque de loyauté" de ses vingt-neuf collègues qui ont refusé de voter le texte. De là à appeler à des sanctions internes à leur encontre ? "Ce serait un peu idiot, dans la mesure où on focaliserait l'attention là-dessus." Mais au moins les récalcitrants "doivent-ils recevoir un sérieux rappel à l'ordre", juge le député Dominique Raimbourg (Loire-Atlantique), un proche de Jean-Marc Ayrault.

"On peut se poser des questions pour la suite..."

Au sein du groupe socialiste, certains se demandent si ce genre de fronde interne ne risque pas de se reproduire régulièrement au cours de la législature. "Quand on voit ça en début de mandat, on peut effectivement se poser des questions pour la suite", s'inquiète Annick Lepetit, en évoquant le droit de vote des étrangers aux élections locales, le cumul des mandats, ou la décentralisation... "L'arrivée de nouvelles générations change peut-être la donne", observe Malek Boutih. "Quand on fait partie du groupe PS, on se plie au règlement, qui consiste en particulier à respecter une discipline de vote. On débat en interne, on adopte une position commune, et on se range tous derrière. Sinon, on fait partie d'un autre groupe...", prévient le député nordiste Bernard Roman, élu depuis 1997.

"Si faire partie du groupe PS implique de renier toutes ses convictions et de fermer sa bouche pour ne surtout pas faire de vague, ce n'est pas ma conception du rôle du député", répond-on dans le camp des "nonistes", où l'on se montre toutefois soucieux de "passer à un autre sujet".

Dans les rangs de l'UMP, on observe ces divisions avec gourmandise. Même si certains n'oublient pas qu'au cours du dernier quinquennat, il est arrivé à plusieurs reprises que certains députés UMP votent, eux aussi, contre certains projets de loi du gouvernement Fillon, comme sur les OGM en 2008, sur le travail dominical et sur le téléchargement illégal en 2009, ou sur l'immigration en 2010... 

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