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Madrid dévoile un budget d'austérité "historique"

Au lendemain de manifestations monstre, le gouvernement espagnol met le pays au régime sec dans le projet de budget 2012 qu'il a annoncé vendredi.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le ministre du Budget espagnol, Christobal Montoro, a annoncé des mesures d'austérité "historiques" vendredi 30 mars 2012. (JAVIER SORIANO / AFP)

Les cendres de la grève générale encore chaudes, le gouvernement espagnol a dévoilé son projet de budget 2012 d'une austérité historique. C'est "le plus grand effort d'assainissement budgétaire de notre histoire démocratique", a affirmé vendredi 30 mars le ministre du Budget, Cristobal Montoro, à l'issue d'un conseil des ministres.

"L'Espagne sera fiable en 2012", a-t-il promis, alors que le pays a explosé en 2011 son objectif de déficit, à 8,51% du PIB (produit intérieur brut) contre 6%. Le message est destiné à l'Eurogroupe, qui lui a accordé un répit pour 2012, avec un nouveau but à 5,3% du PIB au lieu de 4,4%.

Le gouvernement espère récupérer 27,3 milliards d'euros

Pour redresser la barre, le gouvernement espère récupérer 27,3 milliards d'euros, entre coupes budgétaires et hausses d'impôts. "Notre première obligation est de revenir à des comptes publics assainis", a expliqué la porte-parole du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria.

Toutefois, le pays n'y parviendra pas "à n'importe quel prix", car il faut "soutenir ceux qui en ont le plus besoin et ne pas paralyser la croissance et la création d'emplois", a-t-elle dit. L'Espagne est de nouveau en récession et connaît un taux de chômage record (22,85%). Il frôle même les 50% pour les jeunes de moins de 25 ans.

Les craintes de la zone euro

L'Espagne inspire des craintes à la zone euro qui vient de réhausser son pare-feu anticrise à 800 milliards d'euros. Il y a quelques jours, le chef du gouvernement italien, Mario Monti, a déclaré que Madrid "donnait beaucoup d'inquiétudes à l'Europe".

"Nous sommes face à une situation limite", a reconnu vendredi la porte-parole du gouvernement. Mais "l'Espagne tient sa parole et va remplir" son objectif de déficit.

"Nous ramons à contre-courant"

La plupart des analystes tablent sur la nécessité pour l'Espagne de trouver environ 50 milliards d'euros, en tenant compte de la récession, qui devrait réduire le PIB espagnol de 1,7% cette année. Beaucoup d'économistes craignent que l'Espagne manque à nouveau son objectif de déficit cette année.

"Cela a été démontré dans tous les pays, il est très difficile de réduire le déficit public au milieu d'une récession, parce que celle-ci réduit les recettes et augmente les dépenses, via les prestations chômage", a souligné José Carlos Diez, économiste à la maison de courtage Intermoney.

"Du coup, nous ramons à contre-courant, avec une capacité pour ramer mais au final, nous nous épuisons, a-t-il estimé. L'Espagne a besoin de temps mais il semble que Bruxelles ne soit pas disposée à lui en donner."

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