Balkans : la Serbie et le Kosovo échouent à signer le plan de paix proposé par l'Union européenne
Des progrès, mais pas encore d'accord. Les dirigeants du Kosovo et de la Serbie n'ont pas réussi, samedi 18 mars, à signer un texte sur la normalisation de leurs relations, restées compliquées depuis la fin de la guerre, en 1999. Il faut dire que la Serbie refuse de reconnaître l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province, dont la population de 1,8 million d'habitants, très majoritairement d'origine albanaise, compte une communauté serbe d'environ 120 000 personnes.
Le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, et le président serbe, Aleksandar Vucic, se sont retrouvés samedi pendant douze heures de négociations sur les rivages du lac Ohrid, en Macédoine du Nord, sous la houlette du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Les Occidentaux multiplient ces derniers mois les pressions sur Belgrade et Pristina afin de prévenir une éventuelle flambée de tensions dans la région fragile des Balkans, alors que la guerre fait rage en Ukraine.
La rencontre d'Ohrid a eu lieu après l'échec le mois dernier de pourparlers à Bruxelles, où un plan de paix européen en 11 articles a été dévoilé, plus de deux décennies après une guerre meurtrière entre rebelles indépendantistes kosovars et forces serbes. Bruxelles souhaitait l'accord des deux parties sur une annexe de mise en application de cette proposition européenne.
Josep Borrell s'est félicité devant la presse que les deux camps aient accepté l'annexe en question, mais a reconnu que Belgrade et Pristina étaient allés moins loin qu'espéré. "Les parties n'ont pas pu trouver une solution mutuellement acceptable aussi ambitieuse que celle que nous proposions", a-t-il dit à la presse.
Des tensions persistantes
La proposition européenne stipule que les deux camps ne feront pas usage de violence pour résoudre leurs différends. Le projet déboucherait sur une reconnaissance de facto entre Belgrade et Pristina car il prévoit que les deux parties "reconnaîtront mutuellement leurs documents et symboles nationaux respectifs". Le texte déclare également que "la Serbie ne s'opposera pas à l'adhésion du Kosovo à une organisation internationale", une demande clé de Pristina, qui souhaite notamment entrer à l'ONU. Il propose parallèlement d'accorder "un niveau approprié d'autogestion" pour la minorité serbe du Kosovo.
La question du Kosovo reste obsessionnelle pour une partie des 6,7 millions de Serbes, qui considèrent le territoire comme leur berceau national et religieux, là où des batailles cruciales ont été livrées au cours des siècles. A Belgrade, des milliers de personnes ont manifesté vendredi à l'appel de partis nationalistes pour refuser un accord qui reviendrait selon elles à une "capitulation".
Au Kosovo, beaucoup de membres de la minorité serbe refusent toute loyauté à Pristina, avec les encouragements de Belgrade. Surtout dans le nord du territoire, près de la frontière avec la Serbie, théâtre de heurts fréquents, de manifestations et parfois de violences.
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