"En cours, je suis distrait de mes pensées négatives" : un lycéen ukrainien, scolarisé près de Paris, raconte ses deux premiers mois en France
Près de 15 000 élèves ayant fui la guerre en Ukraine sont actuellement accueillis dans des établissements scolaires français. Parmi eux, le lycée Paul Langevin de Suresnes, où franceinfo s'est rendu.
"Je rédige, tu rédiges, il rédige…", Ana Massoulier, professeure de lettres d’origine russe, fait répéter à haute voix Sergueï, un Ukrainien de 17 ans, élève au lycée Paul Langevin de Suresnes (Hauts-de-Seine). Cela fait plus d'un mois que l’enseignante apprend le français à trois lycéens intégrés dans une classe de première après avoir fui la guerre en Ukraine. "J'ai de la famille en Russie, j'ai de la famille en Ukraine. C'est une histoire personnelle, confie-t-elle. Je ne peux pas ne pas m'occuper de ces gens-là. J'aide comme on peut. C'est ma contribution à l'accueil de ces gens-là."
La priorité du cours d'Ana Massoulier : permettre aux jeunes Ukrainiens de communiquer dans la vie de tous les jours et notamment en classe. Sergueï est en France depuis deux mois et voudrait y poursuivre ses études : "Pour moi, c'est important d'apprendre le français pour rester ici et faire ma scolarité ici. Quand je suis en cours, je suis distrait de mes pensées négatives et j'essaye de me concentrer au maximum sur le cours que je suis en train de suivre."
Une passion commune pour Lana Del Rey
Comme Sergueï, près de 15 000 élèves ukrainiens – écoliers, collégiens, lycéens – sont scolarisés en France du fait de l'invasion russe. Les établissements tentent de s'adapter aux besoins de ces jeunes exilés. Pour Laurent Abecassis, le proviseur du lycée Paul Langevin, il est important d'aller à leur rythme : "Pour l'instant, on est dans la première phase de l'accueil. C'est à dire d'acquérir des bonnes notions de français. Aucun examen, aucune évaluation. Pour l'instant, on leur enseigne le français."
En plus des cours de français, les trois élèves ukrainiens bénéficient de cours de sport, d'anglais, d'art plastique et de mathématiques. Ce qui leur permet aussi de rencontrer des élèves de leur âge comme Yasmine : "Cette rencontre a commencé il y a quelques semaines. Du coup, on a vu qu'on avait beaucoup de points communs. On écoutait la même musique, énormément de Lana Del Rey. J'ai ces souvenirs où on mettait nos téléphones avec du Lana Del Rey à fond avec le soleil, on dessinait, on faisait des projets d'arts plastiques."
"Ça a dû être compliqué pour eux de changer de pays comme ça, sachant qu'ils n'ont pas du tout choisi."Et je me dis que ça peut faire du bien d'avoir quelqu'un à qui parler, surtout quand on a le même âge."
Yasmine, lycéenne française de Suresnesà franceinfo
Ces adolescents suivent en plus, pour la plupart, les cours dispensés en ligne par leur lycée d'origine. Ils envisagent d’ailleurs déjà de retourner en Ukraine à la fin de l'année scolaire pour passer l'équivalent du baccalauréat.
Comment les lycées s'organisent pour accueillir les élèves ukraniens : c'est un reportage à écouter en longueur dans Le Quart d'Heure, le podcast d'actualité de franceinfo.
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