Guerre en Ukraine : à Kiev, le premier musée qui documente la guerre "en temps réel" ouvre ses portes
A la veille des célébrations russes du 9 mai 1945, l’Ukraine fait son propre travail de mémoire et documente "en direct" la guerre imposée par Moscou. A Kiev, un musée a ouvert ce dimanche pour rassembler les objets ramassés après le passage des Russes autour de la capitale.
C’est un impressionnant débris d’hélicoptère russe, abattu au début de la guerre par un missile ukrainien, qui accueille les visiteurs au seuil du musée, sur les collines de Kiev.
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Ce trophée-là, comme tous les objets que Yuri Savtchouk a réunies dans son musée, ont été ramassées, avec l’autorisation de l’armée, dans les champs de Boutcha, d'Irpine, tous ces villages occupés en mars par les Russes.
"On est le premier musée au monde à proposer une exposition sur la guerre 'en temps réel' alors même que le conflit est toujours en cours."
Yuri Savotchouk, directeur du musée de la guerre "en temps réel"à franceinfo
A l’intérieur, des reliques du passage des troupes russes. Entre autres, une soixantaine de paires de bottes ayant appartenu à l’ennemi, qui dessinent au sol une grande étoile rouge. Et des documents, qui permettent d’identifier clairement les soldats russes. "Là vous voyez, ce sont différents papiers d’identité : des cartes militaires, des permis de conduire, des cartes de vétéran, des cartes bancaires, aussi", détaille-t-il.
Une page d'histoire écrite au présent
Chiffon à la main, le personnel fait briller les vitrines à quelques heures de l’ouverture. Et la date de cette inauguration, ne doit rien au hasard : le 8-Mai à l’européenne et non pas le 9, à l’heure de Moscou, pour les commémorations de la Seconde Guerre mondiale. "Ah oui, c’était fait exprès ! Commémorer le 8-Mai plutôt que le 9, c’est un symbole fort, un sens nouveau pour nous, les Ukrainiens, explique-t-il. C’est une façon de changer de logiciel, et de se défaire de l’idéologie russe. Avec cette guerre, les Russes ont voulu nous imposer leurs valeurs ? Eh bien ils n’ont pas réussi."
Au sous-sol, également une impressionnante reconstitution : la lumière s’éteint. On distingue, dans le noir, des matelas, des couvertures, de quoi survivre pendant des semaines, exactement comme l’ont fait les habitants de Hostomel. Yuri Savtchouk a baptisé son exposition "L’Ukraine crucifiée", comme une page d’histoire écrite au présent.
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