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Reportage Guerre en Ukraine : à Mykolaïv, des camions-citernes pour assurer l'approvisionnement quotidien en eau potable

En raison des bombardements russes, impossible de réparer les canalisations et les réservoirs à Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine. Les habitants s'approvisionnent en eau via des camions qui viennent d'une ville située à plus de 100 kilomètres.

Article rédigé par Agathe Mahuet - Arthur Gerbault - Yashar Fazylov
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les habitants de Mykolaïv, dans le Sud de l'Ukraine, sont privés d'eau potable depuis un mois (le 16 mai 2022). (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Le geste est devenu machinal, pour Mykola : chaque jour depuis des semaines, ce retraité vient remplir sur ce parking deux gros bidons d’eau potable, à l’arrière d’un camion-citerne. "On prend ce dont on a besoin, pour préparer les repas. Pas plus. On en laisse pour les autres ! On n’est plus que deux à la maison, souligne-t-il. Tout le monde est parti, avec la guerre. Certains de mes enfants ont fui, d’autres sont au front. Il ne reste que nous, les vieux !"   

Le système d'approvisionnement bombardé

Chez lui, il n’y a plus d’eau potable au robinet, juste un filet jaunâtre. Les Russes ont bombardé, le mois dernier, le système d’approvisionnement en eau, entre Kherson et Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine, et ils empêchent depuis toute réparation, sur le territoire qu’ils occupent. Avant le début de la guerre, environ 500 000 Ukrainiens vivaient dans cette ville de Mykolaïv. Pour les habitants, l’heure est à la débrouille. "Pour l’instant on repompe l’eau de la rivière, on l’assainit au maximum, explique, lundi 16 mai, Dmytro Pletentchouk, un officier. C’est ça qui coule à nouveau, depuis quelques jours, au robinet des appartements. Mais on ne peut pas encore la boire.

"On creuse de nouveaux puits à Mykolaïv. On espère pouvoir réalimenter tout le monde en eau potable dans un mois !"

Dmytro Pletentchouk, officier

à franceinfo

En attendant, c’est une société d’Odessa, à 130 kilomètres de Mykolaïv, qui envoie chaque jour à l’aube ses camions remplir leur réservoir de 25 000 litres aux sources de la région. "Avant le camion, on devait aller à la rivière, dit Olga. Alors merci à ces gens d’Odessa, qui nous apportent de l’eau !" Cette habitante remplit cinq bidons d’un coup. "Et voilà, c’est fait. Hop ! Encore un aller-retour ! C’est quand même une chance que j’habite en face !"

Il y a quelques jours encore, il valait mieux se dépêcher, à l’arrivée du camion : dès 14h, il n’y avait plus rien. "C’est un peu mieux à présent", reconnaît Olga, qui revient pour un dernier chargement : "J’y vais à petits pas rapides, dit-elle avec un large sourire. Vous voyez, ça me fait une belle silhouette : pas besoin de fitness !"   

Olga, une habitante de Mykolaïv, remplit des bidons d'eau depuis un camion-citerne (le 16 mai 2022.) (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

"Espérons que tout cela ne dure pas", disent ces habitants, résilients. Avant la guerre, Mykolaïv était, assez ironiquement, l’une des rares villes d’Ukraine dotée d’un système de purification suffisamment bon pour que l’on puisse y boire, sans problème, l’eau du robinet.   

Privés d'eau potable, les habitants de Mykolaïv doivent compter sur des camions-citernes : reportage d'Agathe Mahuet

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