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Guerre en Ukraine : à Odessa, malgré la peur des bombardements, les employés du port sont prêts à reprendre le travail

L'Ukraine a signé un accord vendredi dernier avec la Russie pour relancer les exportations de céréales, ce qui n'a pas empêché Moscou de frapper la grande ville du sud le lendemain. Dans le port, les salariés se rendent au travail avec beaucoup d'appréhension.

Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le transport de marchandises sur le Danube, dans la région d'Odessa (Ukraine), le 21 juillet 2022. (SERGII KHARCHENKO / NURPHOTO)

Le port d’Odessa, dans le sud de l'Ukraine, est une forteresse gardée par des militaires. Mise à part l’armée, seuls les employés peuvent y pénétrer. Peu de personnes acceptent de parler en sortant. L'homme qui consent à briser le silence nous demande de taire son nom. Il est chef du chargement des navires pour une entreprise. "Depuis le début de la guerre, la navigation maritime s’est arrêtée, et pour le moment, on n’accueille ni ne reçoit de bateaux, dit-il. On voulait préparer la reprise des chargements mais les Russes signent un accord d’une main et ils lancent des missiles avec l’autre main, comme on a pu le voir."

"Il faut bien travailler"

Samedi l'armée russe a bombardé Odessa, 24h seulement après la signature d'un accord entre la Russie, l'Ukraine et la Turquie à Istanbul pour la relance des exportations de céréales. Moscou affirme que ces frappes ont visé "uniquement l'infrastructure militaire" et Kiev espère pouvoir recommencer à exporter du blé, du maïs ou encore de l'orge dès cette semaine.

Les personnels du port se tiennent prêts mais le responsable que nous avons rencontré reste méfiant : "On n’attend rien de bon. Nous avons deux bateaux otages de l’agression de la Russie, on se demande comment les faire sortir du port. Personne ne garantit leur sécurité. On a peur qu’il se fassent tirer dessus pendant la navigation".

"Les équipages et les bateaux avec qui on travaille sont étrangers et les Russes n’ont aucun droit de tirer dessus, sinon ce serait le conflit international".

Un responsable de chargement sur le port d'Odessa

à franceinfo

Le port d’Odessa est un petit monde avec ses marins étrangers bloqués qui sortent de temps en temps faire leurs courses. Et des employés aux tâches très variées qui doivent présenter autorisation et papiers d’identité à chaque passage. Oksana et Valia sont chargées du ménage dans les bureaux. Elles revenaient lundi pour la première fois à leur poste depuis les frappes russes de samedi. "Au début de la guerre, le port nous a proposé de travailler deux fois par semaine, plusieurs personnes ont refusé, racontent-elles d'une même voix. Nous, on n’avait pas le choix, on a accepté parce qu’il faut nourrir nos enfants. Il faut bien travailler quelque part."

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Juste à côté du port ce sont les habitants résidant à proximité qui vivent dans l’attente. Les frappes de samedi étaient extrêmement puissantes, raconte cette grand-mère, Nadia, dont la maison a tremblé : "Mes petits enfants étaient blancs de peur. J’ai peur moi aussi… Mais nous n’avons nulle part où aller."  

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