Guerre en Ukraine : "Ramenez-les !", le cri du coeur des femmes de soldats après cinq mois sur le front ouvre une brèche dans l'unité du pays
Alors que le conflit en Ukraine s'inscrit dans la durée, les épouses de certains militaires demandent qu'ils puissent prendre des permissions. Une prise de position qui interpelle alors que la guerre fait toujours rage.
Cinq mois après le début de l'invasion russe en Ukraine, des femmes de soldats ukrainiens réclament le retour de leurs époux. "Ils ont le droit à une pause, une permission", clament ces Ukrainiennes qui ont lancé une pétition sur le site de la présidence, qui a déjà recueilli déjà plus de 3500 signatures. "Leur mobilisation au front est trop longue. N'importe quel humain commencerait à fatiguer moralement et à perdre ses forces", dit leur appel. Un discours peu habituel dans un pays qui aime afficher son unité dans la guerre, et, de fait, du pain béni pour les pro-Russes qui relaient leur message.
Une vidéo circule notamment sur les réseaux sociaux. Elle a été tournée à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine : on y voit une vingtaine de femmes, qui se présentent comme les épouses de soldats de la 24e brigade, réclamer haut et fort une permission pour leurs compagnons. "Leur état psychologique est terrible, disent-elles. Ramenez-les !"
Pas assez d'effectifs pour remplacer les soldats au front
Dans son atelier de couture, Oksana dit comprendre ces femmes, mais en partie seulement. Son époux aussi est soldat, membre d'une unité d'élite dans le Donbass, où il combat depuis 2014 : "Oui, il me manque. Oui, je l'attends, martèle-t-elle. Mais il faut se ressaisir ! Après, la 24e brigade a connu un véritable enfer, et beaucoup de soldats sont portés disparus. Leurs femmes doivent simplement être patientes, attendre, et tenter de s'occuper." Depuis la fin février, elle n'a revu son mari que lorsqu'il a été blessé. Et elle conclut : "Maintenant, ce n'est pas le bon moment pour les permissions."
Le sergent-chef Edouard Krohmarluk fait partie de cette 24e brigade, dont les soldats sont surnommés les "guerriers de fer". S'il a pu revenir à Lviv, c'est parce qu'il s'est blessé : "Sur le front, je suis resté 13 mois, jusqu'à ma blessure".
On savait bien où on allait, et ce qui nous attendait là-bas. Ce ne sont pas des vacances.
Edouard Krohmarluk
Mais il ne souhaite pas pour autant un retour des militaires mobilisés : "La ligne de front est passée de 450 kilomètres à près de 1500 kilomètres aujourd'hui, détaille-t-il. Pour remplacer un soldat au front, il faut avoir quelqu'un pour le remplacer. Nous manquons de soldats." Le sergent-chef blessé veut d'ailleurs retourner au front le plus vite possible.
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