Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir de l'allocution d'Emmanuel Macron
Le chef de l'Etat a dénoncé les "mensonges" de Vladimir Poutine et présenté cette crise comme le signal d'un "changement d'époque" en Europe.
Une semaine après le début de l'offensive de la Russie en Ukraine, Emmanuel Macron s'est à nouveau adressé aux Français dans un message télévisé, enregistré à l'avance, mercredi 2 mars. S'exprimant pendant 14 minutes avec, dans son dos, le drapeau ukrainien, il a dressé avec gravité un tableau de la situation ukrainienne et des conséquences de cette crise pour la France et l'Europe. Franceinfo résume les points importants de son intervention.
Un tableau sombre de la situation en Ukraine
Comme pressenti, le ton de l'allocution présidentielle était sombre. "Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs", a notamment déclaré Emmanuel Macron, rappelant que "des centaines de civils ukrainiens ont d'ores et déjà été tués". "Les équilibres de notre continent sont d'ores et déjà bouleversés", a-t-il également déclaré, présentant comme un de ses objectifs de "prévenir la contagion et l'élargissement du conflit autant que nous le pouvons".
Adressant au président ukrainien Volodymyr Zelensky "le soutien fraternel de la France", son homologue français l'a présenté comme "le visage de l'honneur, de la liberté, de la bravoure" et loué le "courage" de son peuple.
Il s'est aussi déclaré "aux côtés de tous les Russes qui, refusant qu'une guerre indigne soit menée en leur nom, ont l'esprit, responsabilité et le courage de défendre la paix et qui le font savoir en Russie et ailleurs".
Un engagement à accueillir des réfugiés ukrainiens
"La France prendra sa part" dans l'accueil des Ukrainiens fuyant la guerre, notamment "les enfants forcés à l'exil, séparés de leurs pères partis combattre", a assuré le chef de l'Etat. Il a adressé ses remerciements aux villes, villages et associations qui ont déjà commencé à se mobiliser en ce sens. Emmanuel Macron s'attend à ce que "plusieurs centaines de milliers de réfugiés" quittent l'Ukraine. L'ONU estimait, mercredi, que 874 000 personnes avaient fui la guerre en une semaine. Une centaine est arrivée en France, affirmait le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin mardi.
Une dénonciation des "mensonges" de Vladimir Poutine
Emmanuel Macron s'en est pris au discours du Kremlin au sujet de son offensive, à ses "mensonges" et "son esprit revanche nourri d'une lecture révisionniste de l'histoire de l'Europe". "La Russie n'est pas l'agressée, elle est l'agresseur", a-t-il martelé. "Il n'y a pas de troupes, ni de bases de l'Otan en Ukraine, ce sont des mensonges". Il a surtout dénoncé la "propagande insoutenable" selon laquelle la Russie interviendrait en Ukraine contre le nazisme : "Les dirigeants s'en prennent à la mémoire de la Shoah en Ukraine".
La guerre, signal d'un "changement d'époque" pour l'Europe
"La guerre en Europe n'appartient plus à nos livres d'histoire ou nos livres d'école. Elle est là, sous nos yeux", a observé Emmanuel Macron. "La démocratie n'est plus considérée comme un régime incontesté. Elle est remise en cause sous nos yeux. Notre liberté, celle de nos enfants, n'est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant."
Ce "retour du tragique dans l'histoire" justifie d'amplifier l'investissement de la France dans sa défense, a estimé le président de la République. Et cette crise encourage à construire une "défense européenne", a-t-il ajouté, annonçant que le sommet européen organisé les 10 et 11 mars à Versailles serait consacré à ce sujet.
Plus largement, Emmanuel Macron a plaidé pour une stratégie favorisant l'indépendance de la France et l'Europe, notamment sur le plan économique. "Nous ne pouvons plus dépendre des autres, et notamment du gaz russe, pour nous déplacer, nous chauffer, faire fonctionner nos usines", a-t-il affirmé.
L'économie française "va souffrir"
La guerre en Ukraine aura de lourdes conséquences économiques. "Notre agriculture, notre industrie, nombre secteurs économiques souffrent et vont souffrir", a prévenu Emmanuel Macron. Des secteurs fragilisés "soit parce qu'ils dépendent des importations de matières premières venues de Russie ou d'Ukraine, soit parce qu'ils exportent vers ces pays". "Notre croissance aujourd'hui au plus haut, sera immanquablement affectée", a déclaré le président, soulignant que les hausses des coûts du pétrole, du gaz et des matières premières auront des conséquences sur "le prix du plein d'essence" ou encore "le montant de la facture de chauffage".
Face à ces menaces sur le pouvoir d'achat, il a promis de "protéger" les Français "en recherchant de nouveaux fournisseurs" et "de nouveaux débouchés commerciaux". Comme Jean Castex l'avait annoncé mardi, Emmanuel Macron a rappelé qu'il avait chargé le Premier ministre "d'élaborer pour les prochains jours un plan de résilience économique et social".
Pas encore de déclaration de candidature
A seulement deux jours de la date limite de dépôt des candidatures à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron a constaté que cette guerre "vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s'ouvre officiellement à la fin de cette semaine".
Le chef de l'Etat, qui ne s'est pas encore officiellement déclaré candidat, a assuré que cette campagne "permettra un débat démocratique important pour la nation, mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l'essentiel". Sans préciser formellement ses intentions, Emmanuel Macron a assuré qu'il ne "cesserait jamais" de "défendre et porter" l'attachement des Français "à la liberté, à l'égalité, à la fraternité et à la place de la France dans le monde".
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